Vidéo. Ahlem B., conteuse des temps modernes

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Depuis toute petite, Ahlem B. rêve d’écrire. C’est en 2012 qu’elle se lance dans l’aventure littéraire en créant un blog de récits, contes et nouvelles. Chaque mois, des milliers d’internautes suivent ses histoires rocambolesques, notamment de Moul Taxi ou de Sami Lgaouri. Rencontre.


Il était une fois la rue marocaine

Après des études de commerce en France,  Ahlem B. décide de s’impliquer dans la création littéraire, les nouvelles technologies, les industries créatives, l’entreprenariat et la coopération internationale. A 27 ans, elle crée un média littéraire indépendant www.ahlemb.org, dans lequel elle explore des scènes de vie marocaines au moyen d’une écriture expérimentale, oralisante, mêlant autofiction et fantastique. «Ce qui est intéressant dans la fiction c’est qu’il y  a beaucoup de réalité et souvent la réalité dépasse même la fiction», déclare la jeune femme en souriant. Son travail lui a valu plusieurs publications et distinctions comme lauréate du concours Mondoblog, réseau de blogs de Radio France Internationale.

Aujourd’hui, le blog de l’écrivaine digitale de 35 ans se décline en six recueils de nouvelles : Les folles histoires d’Ahlem B., Sam Lgaouri, Le trésor des Oudayas Raconte Shéhérazade, Les Pays Imaginaires et #CasablancaLeFilm. C’est cette dernière série qui attire particulièrement l’attention des internautes depuis environ trois ans. Du chauffeur de taxi amputé d’un bras et rocker dans l’âme, à celui récitant les vers antéislamiques d’Abou Firas al-Hamdani, en passant par le vendeur de kermouss aux mains écorchées et l’enfant des rues, Ahlam raconte Casablanca dans toute sa diversité, réaliste et surréaliste.

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Sous sa plume, les figures récurrentes de la rue marocaine deviennent des antihéros à la balafre intelligente. Le chauffeur de taxi a toujours des anecdotes édifiantes à partager à son passager, le gardien de voiture, un sourire bienveillant ou le coiffeur, une parole sage inattendue…toutes ces banalités extraordinaires sont consignées dans les nouvelles de #CasablancaLeFilm, loin des clichés du film éponyme. «Ces personnages sont partout mais on n’entend pas vraiment leurs voix. Je trouve intéressant de prendre le temps de découvrir la personne derrière le personnage», ajoute-t-elle.

L’écriture nomade

Parmi les 100 histoires de chauffeurs de taxi rouge à son actif, Ahlam B. en a sélectionnées 22 dans un recueil publié à l’occasion de la première escale de sa caravane au festival L’Boulevard à Casablanca en septembre dernier. Car Ahlem B. a plusieurs cordes à son arc. En plus d’être écrivaine, elle endosse les casquettes de scénariste, formatrice et consultante. C’est d’ailleurs avec son agence de storytelling qu’elle a pensé « la caravane d’Ahlem B. », un voyage itinérant, principalement en Afrique et en Asie, qui cristallise toutes ses activités depuis la création de son blog il y a 6 ans.

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Outre la lecture de ses propres textes, l’auteur anime des ateliers d’écriture et de coécriture auprès d’enfants et d’adultes mais également de créations artistiques transdisciplinaires (théâtre, arts plastiques…). Au festival de Taragalte consacré cette année au Petit Prince de Saint-Exupéry les 26, 27 et 28 octobre derniers, deuxième escale de cette caravane, 75 enfants ont participé à ses ateliers, laissant libre cours à leur imagination. Ces ateliers permettent de sensibiliser les jeunes et les moins jeunes à la lecture, transmettre la passion de l’écriture et offrir un espace libre de créativité.

A la recherche de la tradition perdue

Le but de cette initiative est également «d’aller à la rencontre de la tradition, de la mémoire, du patrimoine immatériel et raconter dans chaque escale les nouveaux enjeux des sociétés traversées», explique Ahlem. Elle cite en exemple la condition du nomade qui l’a beaucoup interpellée lors de son voyage à M’Hamid El Ghizlane où a lieu le festival Taragalte. «Ce sont des communautés en voie de disparition, tout comme leur mode de vie, et toute cette richesse dépérit sous nos yeux sans que nous ne fassions rien. On les a oubliés», regrette-t-elle.

A sa manière, Ahlem résiste à ce phénomène de l’oubli. Avec les représentations publiques de ses histoires mises en scène, elle réveille la vieille tradition de la halqa, théâtre de rue ancestral et en voie de disparition, dans lequel un conteur transmet les légendes et les contes populaires marocains, en prose ou en poésie, toujours ponctués par une morale. D’ailleurs, l’auteur confie avoir écrit #CasablancaLeFilm d’abord sous forme théâtrale. Prochaines étapes, la création d’un spectacle et d’une série de courts-métrages pour sublimer un peu plus ces visages familiers.

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