Retour sur l’œuvre de Patrice de Mazières, pionnier de l’architecture moderne au Maroc

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Patrice de Mazières et Abdesselam Farawi./DR

Patrice de Mazières s’est éteint, le 8 juin dernier à Rabat, à l’âge de 90 ans. Autant d’années de dévouement au service de l’architecture marocaine, qu’il a façonnée à jamais. Hommage.

L’architecte Patrice de Mazières de Chambon a rendu son dernier souffle dans son domicile à Rabat dans la nuit du lundi 8 juin 2020. C’est dans la capitale marocaine, qui l’a vu naître, que l’architecte fait ses premiers pans dans l’architecture. Un art dans lequel il baigne dès son jeune âge grâce à son père lui-même architecte et son grand-père qui n’est autre qu’Adrien Laforgue, architecte qui sous le protectorat a pensé et réalisé de nombreux bâtiments administratifs encore conservés dans le royaume.

C’est donc tout naturellement que Patrice de Mazières s’oriente vers l’architecture qu’il étudiera à l’École spéciale d’architecture de Paris. Il y fait la rencontre d’Abdesselam Farawi autre grand architecte marocain, avec qui il s’associe en montant une agence, quelque temps après avoir obtenu leurs diplômes en 1956.

 

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Un duo qui exercera durant plus d’une trentaine d’années et marquera l’architecture du pays. Alliant modernité et tradition, sans jamais les opposer, les deux architectes sont à l’origine de plusieurs bâtiments publics, hôtels et universités considérés encore aujourd’hui comme de véritables joyaux architecturaux.

Des œuvres à travers tout le royaume

Patrice de Mazières et Abdesselam Farawi pensent et réalisent en 1962 la Faculté de Médecine et de pharmacie de Rabat. Un bâtiment sobre et avant-gardiste inauguré par feu le roi Hassan II, le 16 octobre 1962. Un style reflétant l’ambition marocaine avec cette faculté, dont l’intérêt est expliqué par le roi dans son discours lors de son inauguration.

«Le Maroc n’a pas créé une Faculté de médecine, par vanité mais parce que son utilité est indéniable. Les médecins qui seront formés à Rabat apprendront, en plus de ce métier qu’ils ont choisi d’exercer, le rôle social et humanitaire que comporte leur vocation. Cette Faculté doit être donc aussi une école de civisme et de sacrifice», avait déclaré le roi Hassan II.

 

Le duo d’architectes réalisera également plusieurs hôtels mythiques à travers le royaume. De Kelaat-M’Gouna, Boumalne-Dadès ou encore le petit village de Taliouine, les deux architectes façonneront le paysage environnant avec cette marque de fabrique qui leur est singulier: «la continuité». Dans le village du safran, Farawi et de Mazières signent l’hôtel Ibn Toumart achevé en 1974.

L’hôtel situé non loin de la Kasbah Taliouine offre une vue imprenable sur l’Atlas. Architecturalement, l’hôtel reprend les codes stylistiques du duo, jouant sur leur éternelle sobriété avec brio.

 

 

Faire l’inventaire de toute une vie serait impossible, car au cours de ces 50 ans d’exercice et de dévouement, Patrice de Mazières a réalisé quelque 360 projets et a également été derrière la reconstruction d’Agadir aux côtés de François Zevaco et Henry Tastemain, rapporte l’ONG Mémoire des Architectes Modernes Marocains (MAMMA).

Le natif de Rabat a construit des «lycées, cliniques et hôpitaux, siège de la Caisse des Dépôts et de Garantie, Faculté de Médecine et Cité Universitaire à Rabat, de nombreux hôtels ainsi que des immeubles d’habitation, des villas et des locaux d’entreprise», écrit MAMMA.

 

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Après la séparation du fameux duo durant la fin des années 1990 chacun fera un bout de chemin seul. Patrice de Mazières finit par prendre sa retraite en 2013. « Patrice de Mazières envisageait de déposer ses archives auprès d’une institution susceptible d’en assurer la conservation et la communication au public et prioritairement aux architectes ou étudiants en architecture d’Afrique du Nord», écrit l’association pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine documentaire méditerranéen Mémoires Méditerranéennes.

Patrice de Mazières finit par céder une partie de ses documents «qui couvrent une activité professionnelle foisonnante d’un demi-siècle au Maroc (1962-2013)» aux Archives du Maroc, annonçait-on en février 2020, après plus de deux ans et demi de «consultations, d’échanges et de persuasion». L’architecte voyant son dernier souhait se réaliser Patrice de Mazières s’en est allé en léguant un important héritage pour son pays.

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