Entretien avec David Serero, le baryton qui veut créer le premier opéra au Maroc

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David Serero. Crédit: DR.

David Serero est un artiste multifacétique d’origine marocaine. Il est tantôt chanteur d’Opéra à New York, acteur ou producteur. Il a à son actif plus de 3000 concerts en 25 ans de carrière.

A la veille de sa prestation pour la première fois à Buenos Aires qui est aussi une première en Amérique Latine, David Serero, né à Paris de parents juifs marocains, annonce dans un entretien à la chaine d’information M24 la mise en place prochaine de la première compagnie d’Opéra au Maroc.

Le coup d’envoi de ce projet artistique inédit sera donné le 30 novembre prochain à l’occasion d’un Gala.

Vous vous apprêtez à donner un concert historique en Argentine. C’est aussi la première fois que vous vous produisez en Amérique latine. Comment est venue cette idée de se produire pour la première fois devant un public latino-américain ?

Je tiens tout d’abord à remercier M24 de m’avoir donner l’opportunité de parler en tant que marocain, c’est un cadeau que vous me faites donc je tiens à vous en remercier.

L’idée de ce concert est à mettre à 100% à l’actif d’une femme diplomate marocaine qui s’appelle Imane Dryef, chargé d’affaires à l’ambassade du Maroc en Argentine. On avait parlé déjà en 2019, avant la pandémie, pour venir donner un concert à Buenos Aires.

Après New York, Paris, la Russie et d’autres pays en Europe, l’Amérique latine était la région qui manquait à ma « bucket list ».

J’espère faire de ce concert une aventure humaine et j’espère aussi faire briller le drapeau marocain sur la scène de Buenos Aires.

Prévoyez-vous jouer des chansons marocaines lors de ce premier concert à Buenos Aires ?

Il faut savoir que je chante de l’opéra, des comédies musicales américaines de Broadway, et aussi de la chanson française et je joue du Shakespeare. Il y a toujours une partie du Maroc dans tout ce que je fais. Il y a une phrase que je répète toujours, un marocain peut quitter le Maroc, mais le Maroc ne le quittera jamais. J’ai toujours ce Maroc en moi, le Maroc de la générosité envers les gens, le fait de donner aux autres sans rien attendre en retour, le partage ..etc.

Bien entendu il va y avoir quelques mélodies marocaines, mais dans tout ce que je vais chanter, il y a beaucoup de marocanité, ou de marocanisme, ça dépend (Rires).

Quelle place occupent ces valeurs marocaines dans votre art ?

Vous savez, on a tellement de chance au Maroc d’avoir eu des souverains absolument extraordinaires. On a la chance d’avoir un souverain qui est orienté vers la culture, qui aime son peuple. Donc vous vous dites toujours, mais comment je pourrais arriver à ce niveau de grandeur et vous vous dites j’ai envie de faire plus pour le Maroc et pour les Marocains. Je me rappellerai toujours cette phrase extraordinaire de feu Sa Majesté Hassan II qui disait, « Vous savez lorsqu’un marocain quitte le Maroc, le pays perd un citoyen, mais il gagne un ambassadeur ».

J’essaie toujours d’utiliser dans mon travail toutes ces valeurs marocaines.

Dans une pièce de Shakespeare jouée en 2016 à New York, j’ai fait une adaptation dans un style marocain (darbouka avec un orchestre de musique orientale et des caftans) et elle a eu un succès énorme.

Vous savez, il ne faut jamais oublier les paroles de feu Sa Majesté Mohammed V quand il a dit qu’au Maroc, il n’y a pas de catholique, il n’y a pas de juif, il n’y a pas de musulman, il n’y a pas de blanc, il n’y a pas de noir, il n’y a que des Marocains.

Cette annonce d’un opéra au Maroc fera date certainement. Pouvez-vous nous raconter le cheminement de cette idée jusqu’à sa concrétisation en novembre prochain au Maroc ?

La première compagnie d’Opéra de l’histoire du Royaume du Maroc verra le jour lors d’un gala le 30 novembre prochain.

J’ai eu le plaisir de l’avoir fondée, en partenariat avec les autorités compétentes au Maroc. L’objectif est d’amener non seulement toutes ces valeurs marocaines et de les inclure dans l’Opéra et faire un Opéra avec une touche marocaine dans la mise en scène, dans les costumes, etc…, mais surtout de donner la priorité aux chanteurs d’Opéra marocains.

En fait, je suis parti d’un besoin.

Le Maroc a une tradition vocale ancestrale, mais il n’y a aucune compagnie d’Opéra au Maroc. Je me suis dit : Comment peut-on remédier à cela ? on va la créer !

Pendant presque 2 ans, il a fallu faire un recensement de tous les chanteurs d’opéra marocains ou d’origine marocaine dans le monde entier.

Il y a 3 facteurs qui ont été déterminants dans ce processus :

Le premier, c’est donner du boulot à des chanteurs d’opéra marocains. J’ai envie qu’ils fassent profiter leur Maroc. J’ai envie qu’ils rapportent leur richesse au Maroc, qu’ils soient fiers de porter le Maroc en eux.

Le deuxième facteur est de nature pédagogique. On va prendre de jeunes chanteurs qui n’ont pas forcément le niveau d’être solistes, mais qu’on va former et accompagner. On va créer une classe d’Opéra au conservatoire de Casablanca où j’ai fait construire la première librairie musicale.

En fin, le troisième facteur est la mise en valeur de la Darija qui est une langue très riche en sonorité, qui est vraiment très belle et pour moi c’est important de créer des opéras commissionnés spécialement pour l’Opéra Royal du Maroc sur des thèmes marocains, sur des histoires marocaines faites en darija qui pourront s’exporter et qui soient accessibles au niveau des tarifs.

Si vous ne pouvez pas aller à l’opéra, c’est l’opéra qui viendra vers vous, mais ça ne veut pas dire qu’on abaisse le niveau de l’opéra. Moi je n’abaisse pas le niveau de l’opéra, j’élève le niveau du public.

On a la chance vraiment d’être dans un pays où on a un souverain, sa Majesté Mohammed VI, que Dieu l’assiste, qui est toujours très orienté vers la culture, qui a toujours aimé promouvoir le Maroc au travers de la culture.

Pensez-vous qu’il y a des infrastructures suffisantes pour supporter un projet d’Opéra au Maroc?

Les infrastructures, il y en a dans le monde entier.

Vous pouvez avoir les meilleures infrastructures au monde. Mais si vous n’avez personne pour les piloter, tout tombe à l’eau.

Tout ce que je prends à l’étranger, le savoir-faire, les connaissances, les relations, les fonds, je les mets à la disposition du Maroc.

Au-delà des infrastructures, il y a un problème de lenteur administrative. C’est le principal problème pour moi.

Mais d’un autre côté, il y a des gens passionnés, qui ont envie de servir le Maroc, qui ont envie de promouvoir leur pays et ses artistes.

Nous avons aussi le nouveau théâtre de Casablanca et le Grand théâtre de Rabat qui seront bientôt ouverts.

Quel est votre conseil pour les jeunes artistes marocains qui veulent s’engager en faveur du développement de la culture au Maroc ?

L’engagement revient toujours à une histoire de passion. Il faut toujours se poser la question : est-ce que je fais ce métier pour chanter pour moi ou pour les autres ?

Aujourd’hui, un des grands problèmes des artistes, c’est qu’ils sont très souvent leur propre ennemi.

Un artiste doit aussi penser en tant qu’homme d’affaires ou femme d’affaires. C’est très important.

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