Bonnes feuilles. « Presse et Histoire », ou le conflit artificiel entre journalistes et historiens

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Image d'un kiosquier lors des années 1950. Crédit: DR.

L’historien Tayeb Biad vient de signer un nouveau livre intitulé « Presse et histoire », où il décrypte le « conflit artificiel » entre le métier de journaliste et celui d’historien. Préfacé par le journaliste Driss Ksikes, l’oeuvre se veut un éclairage entre le faux antagonisme entre les deux professions. Car en réalité il serait plus judicieux de parler de complémentarité entre deux métiers sont alliés. Enseignant à la faculté de Aïn Choc, Taïb Biyad a d’ailleurs lui-même travaillé au mensuel d’Histoire Zamane, entre 2013 et 2016, et y a donc côtoyé des journalistes. Une partie de sa vie qu’il évoque dans son ouvrage qu’H24info a choisi de vous en livrer quelques passages.  

Critique du conflit artificiel entre journalisme et histoire

Il semble que la relation entre le journalisme et l’histoire soit restreinte dans certains écrits à une simple différenciation, quand il ne s’agit pas d’un conflit de spécialisations, de légitimité ou de primauté, dans un cadre où le journaliste et l’historien aiguisent leurs épées dans un théâtre d’affrontement.(…) Ce conflit est souvent lié à l’écriture de l’Histoire du temps présent ou l’Histoire immédiate, comme si l’historien, en sa qualité de journaliste du passé, voudrait ajouter à ses « prérogatives » les affaires du présent qui sont la chasse gardée du journaliste, qu’on a pris l’habitude de qualifier d’historien du présent. Ce conflit de « prérogatives » peut paraître acceptable autour d’un espace de travail confiné à l’Histoire du temps présent si le journaliste se limitait à envahir cet espace sensé être réservé à l’historien. Mais les écrits du sociologue, de l’économiste, du politologue, ou de n’importe quel autre chercheur en sciences humaines ne sont-ils pas une contribution dans la rédaction de l’Histoire immédiate? Le problème-t-il se réduit-il seulement à l’information, au partage de l’information et à celui qui élabore l’information et la présente ? Ou bien la problématique est-elle beaucoup plus complexe, en rapport avec le métier de l’historien et la profession du journaliste ? On peut voir dans l’historien le seul capable du droit de propriété scientifique du traitement de l’information, mais de quel historien parlons-nous ? De l’historien « traditionnel » ou de l’historien « rénovateur » ?

 

L’éclairage de l’Histoire

Dès le départ, l’objectif était de garder la même ligne éditoriale, ainsi que la même périodicité mensuelle (que Zamane en français, ndlr), tout en inventant une emprunte propre à la version arabophone. Cette emprunte remarquable a demandé un effort considérable, pour que le magazine ne se réduise pas à la traduction d’articles précédemment publiés dans la version francophone, mais au contraire en mettant en place un glossaire qui lui est propre, tout en préparant suffisamment d’articles pour les dix premiers numéros du magazine. Alors que nous étions en pleine préparation et concertation entre les composantes administrative, scientifique et journalistique su magazine, les conditions de la mise en place de la première réunion de rédaction ont été mises en place. Parallèlement, le professeur Mustapha Bouaziz m’a convoqué dans son bureau, entant que conseiller général de la version arabophone du magazine, et m’a demandé d’y consacrer une chronique.

 

La leçon féminine tunisienne

La Tunisie a créé, il y a environ un quart de siècle, un Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme ( CREDIF), dont la responsable aujourd’hui est la chercheuse et historienne Rachida Tliti Slaouti, qui estime qu’un éventuel retour en arrière des acquis de la femme tunisienne n’est pas à craindre, tant la femme tunisienne s’est immunisée à travers l’éducation et la connaissance productive. Elle a réussi à impulser un changement profond dans les structures mentales et a permis à ce que la problématique de l’égalité, des droits de la femme et de la place de celle-ci dans la société soit ancrée dans l’inconscient collectif de la société tunisienne. Tel est le vrai garant qui permet le maintien des droits de la femme tunisienne.

 

De Lissan Al Maghrib à l’émergence des partis politiques au Maroc

Les premiers signes de l’action politique moderne et productive ont commencé à prendre place au Maroc avec l’arrivée de « Lissan Al Maghrib », et l’ambition de celui-ci d’élaborer une constitution avant-gardiste à des années lumières du pragmatisme du sultan Moulay Abdelaziz ou du conservatisme et sultan Moulay Abdelhafid. Mais le sort a voulu que ce journal demeure à la marge. Mais avec l’arrivée de la colonisation, et après une période de résistance dans les campagnes, le temps était arrivé pour que la chose politique s’épanouisse. C’est alors que les partis politiques ont vu le jour, d’abord dans un environnement traditionnel marqué par les Tariqa soufies, les Zaouias et l’enseignement traditionnel, dépourvu philosophiquement de l’encadrement théorique et conceptuel que l’on peut trouver dans l’espace urbain. (…) Ce qui a conduit plus tard à des conflits dans la zone nord entre Abdelkhalek Torres et El Makki Naciri, et dans la zone sud entre Allal El Fassi et Mohamed Belhassan El Ouazzani. (…) C’est dans ce contexte que l’institution partisane est née au Maroc.

 

L’agonie du syndicalisme au Maroc

La grève du 14 décembre 1990 avait été précédée par une motion de censure, et avait été soutenue politiquement par la plus puissante alliance politique (la Koutla), et enveloppée d’un soutien populaire et ouvrier en provenance des bases syndicales et des masses populaires, à une époque où l’action politique avait ses lettre de noblesse et l’action syndicales exerçait une attirance certaine. Aujourd’hui, les chiffres du Haut commissariat au plan que le taux d’adhésion de nos syndicats est de 3%, ce qui explique en partie la faible mobilisation de l’appel à la grève générale lancée l’an dernier. Cela doit être compris commune un encouragement à la prise de conscience de la nécessité de réorganiser en interne l’action syndicale en ayant l’objectif de l’unité comme toile de fond.

Tayeb Biad. DR.

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