Les bonnes feuilles du livre « Le Roi: le Maroc de Mohammed VI »

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Guillaume Jobin, président de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris et Valérie Morales-Attias, auteure et chroniqueuse, viennent de sortir en France un nouvel ouvrage consacré au roi Mohammed VI, «Le Roi: le Maroc de Mohammed VI».

Ce livre de 260 pages, qui vient de paraître aux éditions Descartes & Cie, se veut «un essai analytique, essentiellement destiné à tous ceux qui veulent comprendre le Maroc au-delà des clichés», comme l’expliquent les deux auteurs.

Diplomatie, politique intérieur, économie… le livre passe en revue vingt ans de règne du monarque alaouite souvent avec une certaine affection, les mauvaises langues parleront de complaisance. Même si, il faut l’admettre, les auteurs n’hésitent pas à évoquer certaines «tâches noirs» des vingt ans de règne de Mohammed VI, comme l’échec de l’expérience PAM (Parti authenticité et modernité) ou encore le récent tour de vis sécuritaire ayant suivi les manifestations du Rif. Morceaux choisis.

Une diplomatie affirmée

«La stratégie diplomatique marocaine pourrait se résumer en une phrase: «Le Royaume est présent partout dans son propre intérêt.» Il est l’ami de tous, sans idéologie et sans contraintes. Soit un «ami proche», par exemple la France, soit un «ami de rencontre», comme c’est le cas (enfin) avec l’Espagne, la Chine et la Russie ou encore, un «ami de raison», avec les Etats-Unis.

Les spécialistes parlent alors de deux périodes dans l’évolution de la diplomatie marocaine depuis 1999. La première serait marquée par un Royaume encore indécis sur le choix de sa stratégie et en recherche d’équilibre entre plusieurs blocs de pression pas nécessairement déclarés.

La seconde partie, celle d’aujourd’hui, serait l’illustration d’un Maroc qui a su imposer sa propre stabilité face à l’incertitude structurelle du monde arabe et du continent africain. Il est à noter que la présence effective aujourd’hui du Royaume dans le jeu des pays africains renforce sa position.»

Politique migratoire

«Pour des raison principalement géographiques, mais aussi de conditions de vie, le Maroc comme la Tunisie et une des voies naturelles d’accès des migrants africains de l’Europe.

Les autorités marocaines, plutôt que de rejeter les clandestins vers les frontières ou dans le désert, procèdent régulièrement à des vagues massives de régularisation des sans-papiers, «sans trop de difficultés», affirme un Guinéen croisé à la Préfecture de police de Rabat.

Cette démarche vers l’Afrique «pauvre» se présente comme un pied de nez à l’Algérie, accusée, elle, de mener une politique de «discrimination et de violence» contre ces mêmes subsahariens, interdits d’autobus à Alger.

Mohammed VI s’amuse peut-être parfois à prouver qu’il est aussi le roi des antithèses savamment orchestrées.»

Fragile classe moyenne

«Une petite enquête menée auprès de salariés, fonctionnaires ou employés du secteur privé, tous bords politiques confondus et qui constituent la plus grande partie de la classe moyenne nous a paru édifiante. Tous ont manifesté leur sentiment profond d’être es victimes désignées de la fiscalité: «Les riches, les agriculteurs, les professions libérales, les commerçants, échappent (en partie) à l’impôt et la partie la plus pauvre de la population reste dans l’ «informel», hors impôts et sans aucun compte bancaire.» Le paradoxe de la fragilisation de la classe moyenne n’est pas propre au Maroc. Plus le pays se développe, plus la classe moyenne s’accroît, mais plus elle perçoit sa situation comme difficile. Pourtant, elle est le noyau dur de la société future du pays.»

Tour de vis sécuritaire

«Jerada, puis El-Hoceima, puis en 2019, les enseignants qui manifestent dans la rue… C’est beaucoup pour le maintien de l’ordre public. En tout cas, on devine en 2019 un léger tour de vis. Si l’expression politique est libre, si le sit-in sur les trottoirs est toléré, la rue n’est désormais plus le terrain où la revendication peut se manifester et les spécialistes de la question notent un resserrement.»

L’échec du PAM

«Comme le général de Gaulle en 1947 et Ammanuel Macron, avec le mouvement « En Marche» en 2017, le Maroc a lui aussi réinventé la gestion de ses partis politiques. La dernière création en date, celle du PAM (Parti authenticité et modernité), sous l’influence du principal conseiller royal, Fouad Ali El Himma, a connu un certain succès à ses débuts.

Il n’a pourtant pas convaincu lors des élections de 2016. L’écart entre une base populaire, le choix d’élus élitistes et une organisation interne assez anarchique (selon des militants interviewés) n’ont pas permis de transformer ce parti en majorité silencieuse ni de servir de relais à l’action du chef de l’Etat. Maintenir ses élus dans les grandes villes, comme Marrakech, fut une mission impossible.»

Mohammed VI le «rocker»

«Mohammed VI montre ainsi l’un des traits les plus remarquables de sa personnalités : la tolérance. Il n’empêche que pour la famille royale, le devoir passe avant ses élans personnels. Rien ne s’oppose aux passions connues de tous de Mohammed VI pour les voitures, le jet-ski et l’équitation, comme rien n’interdit au Roi d’aimer les chanteurs populaires français, tel que Maître Gims, avec lequel on a pu le voir sur quelques selfies, mais aussi Johnny Hallyday qui s’autorisait à le tutoyer, tout en l’appelant «Majesté».
Pas de doute, M6 est aussi un rocker!».

 

Le Roi: le Maroc de Mohammed VI
de Valérie Morales-Attias et Guillaume Jobin
Editions Descartes & Cie
18 euros (200 DH env.)

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