Cour des comptes: près de la moitié des viandes consommées ne sont pas contrôlées

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Selon un récent rapport de la Cour des comptes, les abattoirs du royaume présentent de nombreux dépassements, que ce soit au niveau sanitaire ou en termes de gestion. Cette situation alarmante a d’ailleurs poussé le conseil de la Cour des comptes à instaurer 10 recommandations à respecter pour garantir la sûreté des consommateurs.

Plus de 70 abattoirs à travers le royaume ont fait l’objet de plusieurs enquêtes approfondies de la part des Cours régionales des comptes entre 2007 et 2015. Les résultats des dites enquêtes ont démontré plusieurs anomalies pour ce qui est des conditions hygiéniques et de la gestion des sites concernés.

Non-respect des conditions de productions

Selon le rapport de la Cour des comptes, les dépassements relevés affectent dangereusement la qualité des viandes destinées à la consommation, dans la mesure où les bêtes ne font pas preuve d’un suivi concernant leurs origines, mais aussi les conditions de transport et de distribution de la viande. De plus, certains abattoirs ne disposent pas d’unités réfrigérantes ni d’installations sanitaires ou même de raccordement aux réseaux d’eau potable et d’électricité pour le maintien de la qualité de la viande et des sous-produits d’abattage. Ajouté à cela, le délai de 12 heures avant l’abattage, pour les bêtes introduites tardivement pour l’abattage, n’est pas respecté, ce qui ne permet pas de révéler les animaux potentiellement invalides.

Une autre anomalie réside dans la non-utilisation des machines automatisées pour le traitement des sous-produits de l’abattage au sein de certaines structures, laissant place à des procédés manuels pratiqués en plein air. Les lames, crochets, rails et treuils qui rentrent dans le processus d’abattage présentent des signes d’oxydation importante qui peut impacter directement la qualité de la viande au contact. À noter que malgré le fait que la présence d’un dossier médical soit obligatoire pour le personnel en contact direct avec la viande, beaucoup d’individus ne disposent pas des documents nécessaires.

Une quantité importante de la production passe sous le radar

Sur un total de 898 structures d’abattage, 698 unités, réparties entre 181 abattoirs municipaux, 3 abattoirs privés agréés et 714 tueries rurales font l’objet d’un contrôle de la part des services sanitaires. Cela veut dire que 200 structures, réparties entre 199 tueries et 1 abattoir municipal, ne font l’objet d’aucun contrôle.

Par ailleurs, le rapport a indiqué que la production totale des viandes rouges pour l’année 2016 s’est élevée à 550.000 tonnes, alors que la quantité produite et contrôlée au niveau des abattoirs n’a été que de 300.029 tonnes. Cette disparité démontre qu’une quantité importante de viande et de sous-produits d’abattage passe encore dans l’informel loin de tout contrôle, malgré le fait qu’une partie de cette production est effectuée par les ménages, chose qui n’éloigne en rien les risques sanitaires.

Les 10 commandements de la Cour des comptes

Suite à ces dépassements, le conseil de la Cour des comptes a mis en place une liste de 10 recommandations à suivre et respecter, et ce, en accord avec de qui est stipulé par l’article 83 de la loi organique n° 113.14 du 7 juillet 2015 relative aux communes.

La première recommandation appelle à adopter un nouveau référentiel réglementaire pour la gestion du secteur permettant d’accompagner la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions, notamment, à travers une approche participative, des mécanismes de régulation et de contrôle et l’établissement de cahiers des charges en fonction de l’importance respective des structures d’abattage.

Le deuxième point concerne la mobilisation des leviers de nature à prendre en charge les investissements nécessaires pour mettre à niveau et développer les capacités de production soit à travers la gestion directe, la gestion déléguée ou l’intervention de l’investissement privé. L’arbitrage entre ces différents modes de gestion devrait privilégier la capacité de mobilisation des ressources ainsi que les impératifs de qualité et de professionnalisme.

Le troisième élément concerne le développement d’un schéma directeur intégré d’implantation des structures d’abattage assurant une couverture optimale du territoire.

La quatrième recommandation concerne la mise en place d’un plan logistique d’accompagnement dont l’objectif est de moderniser la partie logistique ainsi que l’ensemble des équipements au sein des différents abattoirs.

Le cinquième élément consiste à placer un mode de tarification fiscale à un mode de tarification par le prix en vue de pallier aux distorsions générées par le système actuel caractérisé notamment par la lourdeur et la multiplicité des taxes, l’absence de lisibilité et le manque de lien par rapport au service rendu.

Le sixième point appel à concevoir une politique de tarification prenant en considération le caractère de service public des prestations, la structure des coûts et les principes de juste rémunération des capitaux investis et de régulation.

La septième recommandation concerne la restructuration, la modernisation ainsi que l’amélioration de la chaine de production et de distribution des viandes.

Le huitième point appel à renforcer l’efficience des dispositifs de contrôle en privilégiant l’autocontrôle au niveau des structures d’abattage à travers la mise en place des mécanismes appropriés.

Le neuvième élément porte sur l’amélioration des conditions de fonctionnement et de gestion des structures d’abattage.

La dixième recommandation concerne le renforcement des actions pour la lutte contre les pratiques informelles liées à l’abattage clandestin.

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