Cinéma-critique. Jamais sans les miens

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Sortie du film "Les miens" de Roschdy Zem ce mercredi 23 novembre
Roschdy Zem, lors de l'avant-première à Bastia au 40e festival Arte Mare. Photo Elisa Timotei

Sorti en France le 23 novembre, Les Miens de Roschdy Zem, film sensible, humain et poétique dépeint les sentiments et les émotions à vif de Moussa (Sami Bouajila, touchant). Le doute s’instille dans son esprit suite à un traumatisme crânien qui bouleverse sa vie.

Par Fouzia Marouf.

Filmer le souvenir, la réminiscence des non-dits, l’incessante tentative de trouver sa place au sein des siens le temps d’une vie, requiert habileté et virtuosité. Il semblerait que le comédien et cinéaste Roschdy Zem y soit parvenu avec son 6e long-métrage, Les Miens. Ce récit intimiste, nous embarque au fil du labyrinthe émotionnel de Moussa, cadre brillant, frère altruiste, père présent, interprété avec justesse et sensibilité par l’acteur Sami Bouajila, au jeu incarné.

«C’est un personnage pour lequel j’ai une infinie tendresse », nous confie le comédien. Telle une statue dévissée de son socle, en errance, oscillant entre confusion et grâce suite à un traumatisme crânien, Moussa est amnésique concernant le déroulement de son accident mais pas de son divorce douloureux avec sa femme. Aux prises avec cet amour inachevé, incessant, lui tailladant le cœur et l’inconscient, il se bat pour retrouver son mordant, son acuité, son âme d’antan mais plus il se débat avec son mal plus le fil qui le lie à sa fratrie se délite. Il mène un combat à double tranchant : en perdant sa personnalité et son statut social, il s’éloigne des membres de sa famille. Comment dire aux siens l’innommable, l’inconcevable, l’inavouable ? Combien de souffrance, de temps, de combats pour s’avouer, avouer qu’on ne sera plus jamais le même à l’issue d’un traumatisme crânien ?

L’héritage de James Gray

La surprise est à la mesure de l’intrigue lorsque Moussa se rapproche à demi-mots, de son frère Ryad (Roschdy Zem), présentateur vedette d’un magazine sportif. Inabordable et dénué d’écoute, Ryad est aussi égocentrique que Moussa (Sami Bouajila) est empathique. Porté par un body movie inattendu, désaxé comme les aiguilles d’une montre mal réglée, Sami Bouajila et Roschdy Zem nous rappellent en creux, l’humanité.

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Au coeur d’une vraie famille de comédiens qui réunit l’actrice-réalisatrice Maïwenn, le cinéaste-producteur Rachid Bouchareb, les comédiens Abel Jafri et Meriem Serbah, Les Miens célèbre le bruit assourdissant de la vie. Et, nous dit dans une vérité avouée que dans les liens indéfectibles du sang, la loi du clan est implacable, souveraine.

A l’image du cinéma de James Gray (La nuit nous appartient, Two lovers) où le pouvoir et la volonté de la fratrie sont effrénés : le réalisateur, Roschdy Zem déploie son goût pour le trouble. Il explore les méandres vibrants de la complexité humaine dans un chaos et un irrésistible vertige où chaque membre forme un panthéon convulsif de bloc aimant, rêche et tourmenté.

 

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