Cigarettes électroniques: des liquides douteux inondent le marché

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Démocratisée depuis plusieurs années au royaume, la cigarette électronique à la côte. Vendues uniquement chez les magasins spécialisés autrefois, les e-cigarettes comme les liquides sont désormais disponibles chez l’épicier du coin. Mais que vaut cette marchandise, est-elle vraiment contrôlée et quels seraient ses effets sur la santé?

Les magasins de « vape » (terme issu de vapoter) ont de nouveaux concurrents: les épiceries et bureau de tabac. Leurs produits sont moins chers, 30DH en moyenne pour les liquides de 10ml, contre 50 à 60DH chez les magasins classiques.

Un phénomène nouveau qui semble agacer les ténors du marché. «Tout le monde pense que la cigarette électronique c’est l’eldorado. Mais ce n’est pas un produit anodin. Nos magasins essayent de conseiller au mieux, mais un épicier ne peut pas le faire», estime Caroline*, propriétaire d’une boutique dans le quartier Maârif de Casablanca.

«Au Maroc, il y a de tout. Avant le Covid, il y avait beaucoup de produits qui rentraient en douce dans des camions (…) le Covid a au moins eu le mérite de mettre fin à cela», confie notre interlocutrice.

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Mais alors d’où vient cette marchandise ? Un épicier du quartier Maârif, nous explique que sa marchandise est importée de France, tel que mentionné sur le packaging, sans donner pour autant plus de détails.

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Caroline qui commerciale uniquement des produits européens et américains, nous affirme que tout produit importé depuis l’étranger passe par un contrôle sanitaire et par les services de la douane. «Les produits vendus chez l’épicier doivent comporter un logo permettant d’identifier leur provenance, mais lorsque ces liquides sont vendus à l’unité, impossible de vérifier ces informations-là», explique notre interlocutrice.

Pire que les liquides déjà préparés, d’autres se lancent dans la fabrication de leur propre liquide, qu’ils soient particuliers ou revendeur. Kamil* employé dans un magasin de cigarettes électroniques, affirme qu’il s’agit d’une véritable tendance.

Quatre composants sont indispensables, le propylène glycol (PG), la glycérine végétale (VG), de la nicotine et un arôme, explique-t-il. «Il est très facile de se procurer ces ingrédients», vendus chez des spécialistes ou même sur internet, confie-t-il. «Mais si tu as le mauvais PG ou le mauvais VG, ça peut être très dangereux», souligne Kamil, relevant que «certains achètent de la nicotine pure et ne respectent pas les dosages recommandés».

«Certains utilisent de l’alcool au lieu du propylène glycol afin de faire tenir l’arôme (…) ce mélange est très dangereux et nous ne savons pas quels pourraient être les effets à long terme», indique pour sa part Caroline. «Du moment que ces liquides sont achetés et confectionnés dans un vrai magasin il n’y a pas de risque», souligne-t-elle.

Manque de données au niveau national

Les mélanges douteux conduisent souvent à des drames. En 2019, plus de 50 décès liés à la cigarette électronique ont été enregistrés aux États-Unis. «Des liquides frelatés», contenant notamment du tétrahydrocannabinol (THC) et de l’acétate de vitamine E étaient à l’origine de cette «épidémie», d’après les CDC américains (Centers for disease control and prevention).

Au Maroc nous ne disposons d’aucune étude dans ce sens, se lamente le Dr Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en politiques et systèmes de santé. «Le débat sur la cigarette électronique est sans fin et n’a toujours pas été clos par les scientifiques (…) mais une chose est sûre elle, n’est pas sans danger», rappelle le médecin.

Lire aussi: Les cigarettes électroniques sont « incontestablement nocives », avertit l’OMS

«Elle serait éventuellement moins cancérigène que la cigarette électronique, mais le risque de complications pulmonaires existe», explique Dr Hamdi, notant que l’e-cigarette est notamment utilisée pour accompagner le sevrage. «Mais même à faible dose, la nicotine reste très addictive surtout chez les plus jeunes», souligne-t-il.

Les produits contenant du tabac ou de la nicotine sont interdits de vente aux mineurs au Maroc, mais cette loi est souvent bafouée. Dans ce sens, Dr Hamdi estime qu’un plan national devrait être mis en place, en sensibilisant les personnes les plus à risque et en établissant des données chiffrées et claires sur cette pratique qui n’est plus seulement un phénomène.

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