Le Maroc aux JO de Paris 2024: autopsie d’un fiasco annoncé

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La Marocaine Oumaima El Bouchti (G) lors de son combat perdu en huitièmes de finale face à la Thaïlandaise Panipak Wongpattanakit, au Grand Palais à Paris le 7 août 2024. (Photo de David GRAY / AFP)

Aux Jeux olympiques de Paris 2024, les athlètes marocains ont brillé par leur absence. L’athlétisme sauve, encore une fois, les meubles avec une seule médaille d’or. Et n’eût été la fabuleuse prestation des Lionceaux de l’Atlas au tournoi de football, le Maroc n’aurait pas fait « mieux » qu’à Tokyo. 

Les Jeux olympiques, qui ont lieu tous les quatre ans, permettent aux nations de comparer leurs niveaux sportifs, toutes disciplines et catégories confondues. Comme d’habitude, il y a des révélations, des surprises et des déceptions. Cette année, plus de 10.000 athlètes se sont affrontés dans 45 disciplines devant des milliards de téléspectateurs.

Et encore comme d’habitude, nos athlètes ont brillé par leur absence, propulsant le Maroc dans la catégorie des cancres de la classe aux côtés de nombreux autres pays où le sport est le parent pauvre des politiques publiques.

Une seule médaille d’or et puis s’en va. Et comme ce fut le cas à Tokyo, c’est Soufiane El Bakkali qui l’a décrochée, conservant ainsi son titre de champion olympique, fruit d’un effort individuel et d’un travail acharné d’un jeune homme au moral d’acier.

On s’en serait contenté, comme il y a quatre ans au Japon, s’il n’y avait pas cette médaille de bronze remportée avec panache par les Lionceaux de l’Atlas au football. Un bilan maigre pour un pays émergent qui ne lésine pourtant pas sur les moyens.

Pourtant, le Maroc a été présent dans pas moins de 19 disciplines. Natation, aviron, surf, canoë-kayak, boxe, judo, taekwondo, sports équestres, lutte libre, beach-volley, escrime, cyclisme, triathlon, golf, breaking, tir, sports urbains… La majorité des athlètes marocains ont été éliminés à différents stades de la compétition. «L’important c’est de participer» semble être le slogan de nos fédérations sportives.

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Les hommes de Tarik Sektioui nous ont fait rêver tout au long du tournoi de football. Nous avons vibré, avant d’être frustrés, pour enfin nous émerveiller. Nous sommes passés d’une émotion à l’autre avant de vivre la joie d’une victoire historique lors de la petite finale.

Mais à l’exception du football, le public a suivi, sans émotion, le reste des compétitions. On espérait des surprises, sans plus. Car au fond, les échecs, on s’y attendait un peu…

Le bilan est certes décevant, mais pas surprenant. L’athlétisme a été longtemps la discipline de prédilection du Maroc avec des champions tels que Nawal El Moutawakel, Saïd Aouita, Brahim Boutayeb, Khalid Skah ou encore l’incroyable Hicham El Guerrouj. Ils avaient tous un point en commun: d’énormes efforts accomplis par des sportifs d’exception qui ont su saisir des occasions en or pour graver leur nom au panthéon olympique, à l’image de Soufiane El Bakkali.

La Fédération royale marocaine de boxe (FRMB) a « réagi » au fiasco en limogeant la direction technique. Sauf que cet énième échec n’est guère le fruit d’une conjoncture, mais il s’inscrit dans la continuité des défaites qui dure depuis des années.

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Des problèmes structurels rongent cette discipline à l’instar d’autres. Le taekwondo, le judo ou encore la lutte vivent le même désarroi, accumulant les zéros pointés tous les quatre ans. Il en va de même pour le cyclisme, toujours au stade amateur, ou encore la natation, dont les athlètes peinent encore à s’illustrer au niveau africain.

Cette situation dure depuis tellement longtemps qu’elle ne surprend ni ne choque personne. Car tout le monde sait que les performances sportives ne se décrètent pas. Elles se construisent, marche par marche, sur le long terme sur la base d’un professionnalisme solide et d’une gestion efficace et transparente. Le succès n’est ni le fruit du hasard, ni de la chance. Il se forge dans un écosystème sportif digne de ce nom.

Or, toutes les disciplines, abonnées au rôle de figuration, baignent dans l’opacité et l’amateurisme. Un écosystème sportif, bien structuré, attire les sponsors, qui misent sur des talents en herbe et leur offrent l’accompagnement nécessaire dans leur quête de sacres olympiques.

Les pays qui ont rehaussé le niveau de leurs athlètes ont adopté les programmes sport-études qui permettent de combiner un parcours scolaire classique et la pratique professionnelle d’un sport. Un système qu’ils généralisent en vue de créer une pépinière de futurs champions. Au Maroc, on en est encore au stade embryonnaire sous la supervision de fédérations complétement dépassées.

Alors si le bilan des JO de Paris 2024 ne reflète pas l’image d’un pays qui monte en puissance, il ne faut surtout pas s’en étonner…

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