Aucune femme n’est nommée cette année aux César, ni aux Oscars, dans la catégorie réalisation. De nombreux internautes, médias, membres de la société civile se sont indignés de cet état de fait, mentionnant pourtant des films de qualité réalisés pas des femmes l’an dernier.
Le collectif 50/50, qui milite pour la parité dans le cinéma et l’audiovisuel, dénonce jeudi l' »absence totale des femmes dans la catégorie meilleure réalisation » pour la 48e cérémonie des César le 24 février, rapporte l’AFP.
Dans cette catégorie, seuls sont nominés les réalisateurs Cédric Klapisch (« En Corps »), Louis Garrel (« L’innocent), Cédric Jimenez (« Novembre »), Dominik Moll (« La nuit du 12 ») et Albert Serra (« Pacifiction-Tourment sur les îles »).
« Il s’agit d’un pas en arrière », tacle le collectif, qui relève que les femmes représentaient 14% des nominations dans la catégorie réalisation en 2021, 43% en 2022, et donc 0% cette année. 50/50 rappelle que Tonie Marshall, pour « Venus beauté (institut) », est la seule femme à avoir reçu le César de la meilleure réalisation, en 2000.
Certains observateurs du septième art ont notamment noté l’absence dans cette catégorie d’Alice Diop, réalisatrice de « Saint Omer », Grand prix de la Mostra et salué par la critique, de Rebecca Zlotowski pour « Les enfants des autres », de Mia Hansen-Love avec « Un beau matin » ou encore Blandine Lenoir pour « Annie Colère ».
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Le collectif déplore en outre un « manque de représentativité » des femmes dans « la catégorie meilleur film ». Dans cette catégorie, seul le film « Les Amandiers », réalisé par Valeria Bruni Tedeschi, apparaît aux côtés de Cédric Klapisch, Louis Garrel, Dominik Moll et Albert Serra.
« L’année dernière, il a été reproché à l’Académie des Oscars une compétition trop blanche. Cette année trop masculine. Les César 2023 cumulent, eux, cette double invisibilisation », souligne encore le collectif sur ses réseaux sociaux.
Même constat en effet cette du côté de la récompense américaine qui pour sa 95e cérémonie n’a appelé à concourir aucune femme dans la catégorie réalisation. On y retrouve Martin McDonagh (« Les Banshees d’Inisherin »), Daniel Scheinert et Daniel Kwan (« Everything Everywhere All at Once »), Steven Spielberg (« The Fabelmans »), Todd Field (« Tar »), ou encore Ruben Östlund (« Sans Filtre »), couronné au dernier festival de Cannes de la Palme d’or.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont relancé le hashtag « OscarSoMale » – qui avaient déjà été utilisé ces dernières années – pour manifester leur indignation.
Oscars 2023 : après l'annonce d'une catégorie "meilleur réalisateur" sans réalisatrice, voici quatre films signés par des femmes et snobés par l'Académie#OscarSoMale
https://t.co/QuII16R1yu— Stéphanie from the 12 (@Stephanie12e) January 25, 2023
“The Banshees of Inisherin” not nominated for Best Cinematography? No female directors nominated? Let's go, #OscarSoMale https://t.co/egEN649OTe
— Viktorya Muradyan (@vickimuradyan) January 24, 2023
After back-to-back years when women won the best director Oscar, this year none were nominated Among them Woman King director Gina Prince-Bythewood, (and editor @TerilynShropshire) Aftersun director Charlotte Wells Women Talking director Sarah Polley. #womendirectors #Oscarsomale pic.twitter.com/glUVQ4fDb9
— bobbie o'steen (@bobbieosteen) January 24, 2023
Certains médias aussi ont pris par à cette indignation en s’étonnant de l’absence de réalisatrices. En réponse, le site de France Info a publié un article rendant hommage à « quatre films signés par des femmes et snobés par l’Académie » des Oscars. Le Média TV également a mentionné cette absence, alors que « ce n’est pas le talent qui manquait ».
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Le magazine Causette, est allé encore plus loin en lançant son propre prix « Cléopâtre » pour récompenser les meilleures réalisatrices « snobées par les César ». À l’origine, il s’agit d’une idée ironique de Marie-Charlotte Garin, députée écologiste, qui s’est finalement concrétisée.
«J’ai été hallucinée de voir la liste des nommés pour la meilleure réalisation. Du coup j’ai blagué en disant : »On va faire les Cléopâtre au lieu des César. » En sachant, évidemment, que c’est le sculpteur César qui a donné son nom au prix, et pas l’imperator romain. Mon collaborateur m’a alors conseillé de poster cette blague sur Twitter. Je ne pensais pas qu’elle allait autant prendre!», raconte-t-elle sur le site du magazine féminin français.