Au Maroc, les femmes âgées sont plus vulnérables que les hommes
Publié leLes femmes âgées sont plus confrontées à la vulnérabilité que les hommes, selon le HCP. Une situation qui s’explique par leur faible participation à la vie active et également par une plus grande exposition aux maladies chroniques.
Le 1er octobre de chaque année, le monde célèbre la Journée internationale des personnes âgées. Cette année, le thème retenu est celui du « rôle important que jouent les femmes âgées pour relever les défis mondiaux et contribuer à leurs solutions avec résilience et courage », indique le Haut-commissariat au Plan (HCP) dans une note d’information diffusée vendredi.
Au Maroc, l’effectif des personnes âgées est passé d’un million en 1970, à 4,5 millions en 2022. Cette évolution s’est faite avec un rythme annuel de 2,8%, supérieur à celui de l’ensemble de la population du Maroc qui se situe à 1,7%.
A l’horizon de 2050, le nombre de personnes âgées au Maroc devrait atteindre 10 millions, selon les projections du Haut-commissariat au Plan, soit un accroissement annuel de 2,9%, contre 0,6% pour l’ensemble de la population du Maroc.
Le poids démographique des personnes âgées serait alors de 23,2% au lieu de 12,2% actuellement. « Cette évolution rapide s’explique par la progression de l’espérance de vie à la naissance, de 47 ans au début des années 60, à 76,9 ans actuellement, permettant l’arrivée aux âges avancés de cohortes nombreuses issues d’époques à fécondité élevée », explique le HCP.
Une espérance de vie plus élevée chez les femmes
Aussi, en 2022, l’effectif des femmes âgées s’élève à 2,3 millions, soit 100.000 de plus que les hommes. Leur nombre atteindrait 5,4 millions en 2050, soit 770.000 de plus que chez la gente masculine. Ceci est dû au fait que les femmes ont une espérance de vie plus élevée qui est estimée à 78,6 ans à la naissance, contre 75,2 ans pour les hommes.
La note du HCP indique également que les femmes âgées ont plus de risque de finir leur vie seule. Cela est dû en partie à l’âge d’entrée au premier mariage des femmes (25,5 ans en 2018), qui est relativement précoce par rapport à celui des hommes (31,9 ans). Cela est conjugué à une proportion moins élevée de remariage des femmes ayant rompu leur première union (8,5% contre 14,5% pour les hommes).
Lire aussi: Personnes âgées accros à la drogue: une « épidémie silencieuse » (ONU)
Ces deux facteurs font accroître le risque relatif pour la femme de se retrouver à 60 ans en situation de veuvage, voire de vivre seule, conclut le HCP.
« La proportion des personnes âgées veuves est dix fois plus élevée parmi les femmes (45,3%) que parmi les hommes (4,2%) et la proportion des femmes âgées vivant seules est quatre fois plus élevée que celle des hommes (12,2% et 3,2%, respectivement) », explique l’office.
Des conditions de vieillissement moins bonnes
Les femmes âgées sont également plus confrontées à la vulnérabilité que les hommes âgés. Les conditions dans lesquelles les femmes vieillissent sont généralement moins bonnes par rapport aux hommes. Elles sont plus exposées que les hommes âgés à finir seules leur vie, sans conjoint.
Cette situation de vulnérabilité est exacerbée par une faible participation à la vie active et également par une plus grande exposition aux maladies chroniques.
« 9,4% des femmes âgées disposent d’un travail (contre 38,4% des hommes) en 2021, souvent en tant qu’aides familiales (57,1%). N’ayant pas ou peu intégré le marché de l’emploi et ayant généralement assumé les travaux domestiques et l’éducation des enfants par le passé, les femmes âgées sont peu nombreuses à bénéficier d’une pension de retraite (15,8% contre 41,1% pour les hommes âgés en 2021 », explique encore le HCP.
En matière de santé, un peu plus des deux tiers (73,3%) des femmes âgées souffrent d’au moins une maladie chronique (contre 55,5% pour les hommes), au moment où un peu moins du tiers (31,9%) de ces femmes ne bénéficie d’aucune couverture médicale, contre 23,5% pour les hommes.
Cela traduit la dépendance d’une grande part des femmes âgées à d’autres membres de la famille, d’autant plus que neuf sur dix d’entre elles sont analphabètes. « Cette dépendance, expose la femme âgée, dans certains cas à la violence », ajoute le document.