Art. Hyacinthe Ouattara: « Peindre est une pulsion provenant de l’intérieur »

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Art. Hyacinthe Ouattara: "Peindre est une pulsion provenant de l’intérieur"
Hyacinthe Ouattara exposera son art à 1-54 Foire d’Art Contemporain Africain à La Mamounia à Marrakech du 9 au 12 février 2023. Crédits photo: Candice Nineh

Plasticien prolixe, Hyacinthe Ouattara tisse des corps-sculptures qui subliment la matière, des peintures-poèmes au tracé singulier.

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Son œuvre foisonnante captive et intrigue, traversée par des référents liés à la nature, au cosmos ou encore à l’humain. Incarnant un entre-deux entre le Burkina Faso et la France, il est le premier artiste invité à créer jusqu’au 15 février en résidence artistique au sein de l’open studio initié dans le nouvel espace de la 193 gallery à Paris depuis janvier dernier.

Affable, débordant d’énergie communicative, l’artiste nous accueille, entouré de tissus aux tonalités vives. Après avoir présenté ses travaux à la 14e Biennale de Dakar en 2022, son art sera exposé à 1-54 Foire d’Art Contemporain Africain très attendue à La Mamounia à Marrakech par le public, la profession et la critique du 9 au 12 février 2023.

H24Info*: Comment êtes-vous venu à la peinture et la sculpture de tissus?

Hyacinthe Ouattara: Je suis arrivé à la peinture tout d’abord par une passion qui m’animais depuis ma prime enfance, au fil des ans j’ai suivi divers ateliers d’initiations au «dessin modèle vivant». Dans le fait de peindre, il y a pour moi un aspect libérateur et «thérapeutique». Peindre, est une pulsion provenant de l’intérieur. Ma première œuvre créée à base de tissus remonte à 2010. Elle a été réalisée au Burkina-Faso lors d’un événement d’art plastique intitulé FIAPO (Festival International des Arts Plastiques de Ouagadougou), on avait demandé aux artistes de présenter une œuvre différente de leur pratique habituelle, et j’y avais présenté ma pièce intitulée « France-Aurevoir » composée de vêtements cousus sur deux grandes toiles. Dans cette œuvre, je parlais du fait que le continent africain n’était pas un dépotoir de l’Occident et par la suite, cette pièce a été présentée en Allemagne en 2011, plus précisément à Saarbrücken et à Berlin au sein d’une exposition collective.

L’abstraction est-elle une des formes dans lesquelles peuvent s’exprimer les expressions les plus libres et créatrices ?

Je dirais plutôt que toute forme d’art, tant qu’elle reste sincère, est une voix ouverte à une création libre car la création pour moi est avant tout une vocation cosmique.

Que vous inspire votre atelier-résidence au sein du nouvel espace initié par la 193 gallery?

Je suis très enthousiaste à l’idée de faire cet atelier-résidence dans le nouvel espace de la 193 Gallery! Réaliser une œuvre en dehors de son atelier rend toujours un résultat différent car on s’extraie de son carcan habituel et j’aime le fait que le geste artistique ne soit pas toujours mécanique.

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Parlez-nous des œuvres que vous avez réalisées à Casablanca lors de votre résidence artistique aux Anciens Abattoirs, lieu d’inspiration urbaine et à l’esprit underground…

Ma résidence à la Fabrique Culturelle des Abattoirs de Casablanca en 2016 a été une expérience enrichissante! Le lieu était très habité, comme c’était un ancien abattoir, il était chargé d’une forte trace du passé, et d’emblée, ces facteurs m’ont parlé. Aussi, j’en ai profité pour poursuivre ma recherche autour du textile qui faisait déjà partie intégrante de ma pratique et de mon intention d’artiste. De plus, j’y ai réalisé une installation qui questionnait le vêtement comme métaphore autour de l’humain et de l’identité d’une société: réflexion qui a trait à la mémoire universelle. Enfin, cette œuvre a ensuite été exposée à la COP 22 à Marrakech via la structure Arkane-Maroc.

Parlez-nous de votre participation à la Biennale de Dakar (Dak’art) qui s’est déroulée en 2022…

Cette 14e Exposition officielle internationale de Dak’art portait sur le thème de la forge, forger de nouveaux imaginaires jusqu’à l’universel. Aussi, lors de cette édition du Dak’art 2022, j’ai présenté la série « Composite », un monde en déambulation et en rhizome: une façon, selon moi de tisser des liens tout en perpétuant les traces d’une mémoire commune à travers une série de cinq œuvres. Chaque élément était connecté à un autre afin de former des territoires multiples jusqu’à l’infini, tout en faisant écho aux idées du philosophe et poète feu Édouard Glissant.

Vos travaux ont également été exposés à la Fondation H?

Tout à fait. En Janvier 2022, j’ai eu l’immense chance de bénéficier de cette Carte blanche pensée par la Fondation H. Elle m’offrait une résidence de création qui a ensuite donné lieu à l’exposition personnelle immersive textile et sonore « Habiter Le monde Qui Nous Habite ». Elle s’est tenue à Paris, j’avoue qu’elle représente l’un des projets inoubliables de ma carrière même si la route à parcourir est encore longue.

Comment se déroule le processus créatif au sein de votre résidence artistique à la 193 Gallery?

Dans cette résidence, je me laisse traversé par l’art, sa banalité et sa sensibilité, je me laisse aussi traversé par les Dieux de la création afin qu’ils m’acceptent en leur temple.

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Votre œuvre sera notamment présentée à 1-54 Marrakech du 9 au 12 février 2023…

Par le biais de ce canal, « EMPREINTES », est une série que je poursuis depuis 2018 et qui a pu renaître de ses cendres: le public la découvrira à la Mamounia à Marrakech lors de 1-54.

De plus, la 193 Gallery y présentera en effet une sélection de mon travail lors de cette foire. L’idée de retourner au Maroc, où j’ai vécu une expérience particulièrement forte au sein des Anciens abattoirs de Casablanca, pique ma curiosité d’artiste, je ne doute pas un instant que mon geste créatif y sera inspiré. La dimension de mon art est principalement universelle, elle s’inscrit dans tout espace et sous toutes les aires géographiques: comme dans une cartographie humaine où prévaut la trace de la mémoire. J’aime l’ouverture vers un ailleurs, c’est un temps propice aux nouvelles rencontres. Et, c’est ce à quoi nous sommes confrontés qui va rester au nord comme au sud.

*Propos recueillis par Fouzia Marouf.

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