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Algérie: quand le rappeur Lotfi Double Kanon clashe Tebboune en musique
Publié leLotfi Double Kanon, rappeur contestataire algérien, a fait son retour ce lundi avec un « clash » qui ne passera, sans aucun doute, du côté du pouvoir algérien. Dans « Ammi Tebboune », Lotfi DK a redonné vie à un mouvement contestataire qui a sombré depuis l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir en Algérie.
Entre propagande, médias soumis, mains étrangères, ennemis extérieurs… et la liste est tellement longue qu’on pourrait en écrire un roman, rien n’a changé pour les Algériens depuis le soulèvement du Hiraks en 2019.
Avec l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune, qui succède à Abdelaziz Bouteflika, malade et omnipotent, l’espoir renaît… Mais il sera de courte durée. La situation s’est même dégradée à en croire Lotfi Double Kanon, pilier du rap algérien et surtout l’un des rappeurs les plus contestataires du pays.
Dans son nouveau clip intitulé « Ammi Tebboune » (Tonton Tebboune NDLR), le rappeur, n’y est pas allé de main morte, il est revenu sur la situation du pays depuis que l’actuel président de l’Algérie a accédé au pouvoir. Tout autant agressif qu’artistique, Lotfi dépeint une jeunesse qui se meurt et qui « en a marre » faisant ainsi référence aux problèmes de drogues et de harragas que connaît le pays. « Le moral de la jeunesse est au plus bas, autant que la valeur du dinar », fustige le rappeur.
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De plus en plus de jeunes “DZ” quittent le pays dans l’objectif de trouver une vie décente ailleurs et surtout du travail pour subvenir aux besoins de leurs familles. Ainsi, Lotfi affirme que “Barbes est devenu tel un quartier d’Annaba” s’appuyant sur des images dans le clip où l’on voit de nombreux Algériens sur les “embarcations de la mort” traverser la Méditerranée scandant des messages destinés à Tebboune.
Parallèlement, il revient sur la liberté de la presse en Algérie en mettant la lumière sur la répression et les nombreux journalistes qui « ont osé » critiqué le pouvoir et se sont retrouvés emprisonnés. Même chose pour les étudiants en médecine qui sont actuellement en grève depuis plusieurs semaines et qui font face à un silence médiatique assourdissant.
Pire encore, les médias accusent le mouvement contestataire des futures blouses blanches d’être orchestré par le Makhzen… Lotfi a également réservé une des ses punchlines aux imams du pays qui ne peuvent même plus prêcher en toute liberté avançant que chaque mot qui sort de leur bouche serait minutieusement fixé par les autorités locales. Pour le rappeur, la vérité dans ce pays est devenue un tabou.
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La situation socio-économique du peuple algérien est également au menu de ce clash de plus de 4 minutes. Comme les vidéos, qui fusaient sur les réseaux sociaux, où l’on observait d’énormes files devant les épiceries, Lotfi Double Kanon se demande pourquoi les prix des denrées alimentaires de base flambent depuis plusieurs mois, voire des années pour certains. Actuellement, l’Algérie, vu la propagande intensive menée par le système militaire, connaît une montée en force du nationalisme au point que ceux qui critiquent la gestion du pays sont automatiquement fichés en tant que traîtres de la nation.
Coïncidence ou pas, depuis l’arrivée de Tebboune, le Maroc est pointé du doigt, par les officiels ainsi que par la presse, comme étant celui qui est derrière tous les maux du pays. Quand l’Algérie a été frappée par la sécheresse ou par les feux de forêts en Kabyle, pour ne citer que ces deux exemples farfelus, le Royaume était décrit comme « main étrangère qui nuit aux intérêts de la République ».
Mais dans « Ammi Tebboune », Lotfi se dit pas dupe de ses spéculations. Lui qui critique le régime affirme que ni le Maroc à travers son roi ni les Émirats arabes unis ne soutiennent son élan: « Les Émirats ne me feront pas bouger », « Mohammed VI ne me fera pas bouger ».
En ligne sur YouTube depuis lundi dernier, « Ammi Tebboune » cumule déjà pas moins de 2 millions de vues et des milliers de commentaires sur les réseaux sociaux… Mais sur les sites d’informations algériens, c’est silence radio, confirmant ainsi une liberté d’expression quasi-inexistante dans le pays.
Patriote et non conformiste, le rappeur rappelle à ses fans que le peuple algérien reste tout de même uni et quand il fallait sortir pour dénoncer les inégalités, ils l’a fait tout en s’adressant au président: « Nous avons lutté contre la issaba dont tu étais l’un des ministres »… Une issaba « devenue la Cosa Nostra, encore pire que les Yakuzas », conclut-il.