Algérie: le secteur du BTP attire de plus en plus de travailleurs clandestins marocains

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BTP. Crédit: DR

Le secteur du bâtiment est délaissé par les Algériens. Une aubaine pour les artisans marocains  dont les qualifications sont prisées par les entreprises locales.
Héritage du socialisme oblige, l’Algérie applique la préférence nationale pour l’accès au marché du travail. Selon le quotidien français, Le Monde, les entreprises algériennes du bâtiment ne peuvent pas embaucher légalement d’étrangers, à moins de prouver que ces derniers ont une compétence qui n’existe pas sur le marché algérien. La même source ajoute que «ce secteur est boudé par les Algériens comme celui de l’agriculture. Du coup, les étrangers souffrant d’une situation administrative fragile, voire illégale, sont nombreux».
Selon les chiffres du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), à Alger, ils seraient 45 000 Marocains vivant en Algérie au début de la décennie, pour une population étrangère globale d’environ 265 000 personnes. Mais ces chiffres ne prennent évidemment pas en compte les travailleurs qui ne se déclarent pas aux autorités consulaires.
Le quotidien français raconte l’histoire d’Ismail, 32 ans, originaire de Fès, et employé comme peintre en bâtiment. «Je suis arrivé en Algérie en 2004. Au début, je rentrais par la frontière terrestre, avec un passeur, puis j’ai arrêté. Je ne suis pas rentré au Maroc depuis 2012 », raconte-t-il.
Avantage comparatif
Malgré la fermeture officielle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie depuis 1994, la circulation de la main-d’œuvre, grâce à l’entremise de passeurs, continue. Ismail atteste n’avoir jamais été contrôlé par les forces de l’ordre. «On se fond dans le paysage, sourit-il. Nos deux sociétés sont très proches.»
Un autre affirme prendre l’avion tous les trois mois pour le Maroc ou la Tunisie. Pour lui, c’est le moyen pour ne pas devenir clandestin en Algérie, où il travaille dans le bâtiment depuis neuf ans. «Nous les Marocains, nous avons le droit de rester sans visa en Algérie pendant 90 jours. Après il faut partir», explique le jeune homme de 29 ans et originaire de Tanger. Il assure «gagner plus d’argent en Algérie et, surtout, la vie est moins chère», qui cite le faible coût des produits de consommation lié à la politique de subventions du gouvernement algérien. «Au Maroc, tu achètes des cigarettes, un café et du crédit pour ton téléphone, et tu n’as plus rien à la fin de la journée», compare-t-il.
L’arrivée d’ouvriers marocains est une des conséquences du durcissement de la politique migratoire européenne. Du coup, les migrations Sud-Sud se reconfigurent et le défi de l’Algérie sera de gérer l’ampleur de ces mobilités régionales qui se transformeront en situation d’installation, estime le Monde.

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