Pape François au Maroc: l’Eglise et l’aide aux migrants

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Repas aux migrants organisé par Caritas. DR.

Outre le thème du dialogue inter-religieux, la visite apostolique du pape François des 30 et 31 mars prochains s’inscrit dans un contexte de solidarité avec les migrants, le Vatican et le Maroc ayant tous deux pris part au Pacte mondial sur les migrations de l’ONU adopté à Marrakech en décembre dernier.

Pour ce pape très engagé sur la question migratoire, cette visite offre «une occasion d’appeler à nouveau la communauté internationale à œuvrer avec responsabilité, solidarité et compassion vis-à-vis des migrants», explique le communiqué de presse relatif à la visite papale.

D’ailleurs, le premier voyage du pape François hors du Vatican fut pour aller rendre hommage aux migrants noyés dans la Méditerranée et prier pour eux: c’était à Lampedusa, au large de la Sicile, le 8 juillet 2013.

«Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer», ces quatre verbes prononcés par le pape lors de son Discours au Forum international «Migrations et paix» le 21 février 2017 résument la position de l’Eglise face aux défis migratoires.

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Durant son rapide séjour au royaume, le pape prendra le temps de rencontrer des migrants ainsi que des acteurs à leur service. Il se rendra au siège de la Caritas, confédération internationale d’organisations catholiques à but caritatif, présente dans plus de 160 pays et territoires.

Fondée en 1958, Caritas Maroc intervient dans plusieurs régions et auprès d’une cinquantaine d’acteurs de la société civile marocaine, via des programmes d’accompagnement d’associations spécialisées dans l’accueil de personnes en situation de handicap et le renforcement des capacités des petites exploitations agricoles familiales. Caritas au Maroc travaille également auprès des populations migrantes depuis le début des années 2000.

Repas aux migrants organisé par Caritas. DR

Le Maroc est aujourd’hui devenu un point de transit vers l’Europe et un pays d’accueil pour un nombre croissant de migrants irréguliers, de demandeurs d’asile et de réfugiés. Selon les dernières estimations officielles de 2018, on compte 80.000 migrants subsahariens présents sur le sol marocain, régularisés et clandestins confondus.

Beaucoup de ces migrants sont chrétiens et «ont donc donné un nouveau souffle à l’Église au Maroc, qui rassemblerait aujourd’hui environ 30.000 chrétiens, dont 20.000 catholiques et 10.000 protestants, et dont la moyenne d’âge se situerait à 35 ans», détaille le communiqué de presse.

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L’Église au Maroc est subdivisée en deux diocèses: le diocèse de Tanger, dont Santiago Agrelo Martinez est l’archevêque et composé de cinq paroisses situées dans le Nord du Maroc; et le diocèse de Rabat, dont Cristóbal Lopez Romero est l’archevêque, et composé de 32 paroisses situées dans le reste du Maroc.

Une messe à la cathédrale de Rabat. DR

Lors de la conférence de presse mardi dernier relative à la venue du pape au Maroc, l’archevêque de Tanger a évoqué les difficultés que doit gérer son diocèse en raison de sa position géographique sensible. «Le diocèse de Tanger est une église de frontière des plus compliquées au monde puisqu’il y a les villes autonomes de Ceuta et Melilla qui sont européennes et africaines à la fois», explique Santiago Agrelo Martinez, ajoutant que «C’est un diocèse où de manière naturelle se rencontrent des milliers de migrants en transit, dans l’espoir de pouvoir passer dans le continent européen».

Pour aider les migrants souvent en situation de précarité, le diocèse via notamment le réseau Caritas agit en faveur de la promotion de leurs droits, en normalisant leur accès aux services de droit commun (santé, éducation, état civil) ou en facilitant leur intégration au Maroc (formation professionnelle, employabilité).

«Il n’y a pas d’opportunité de futur pour ces personnes», s’attriste l’archevêque qui œuvre à la création d’espaces d’entraide au sein de son diocèse. «Ils sont comme des esclaves ou des personnes qui ne sont pas maîtres de leur destins», regrette-t-il. «Je proteste et je revendique de toutes mes forces que ces personnes soient complètement égales à moi. Je veux qu’elles bénéficient des mêmes droits que moi», renchérit le père Santiago, satisfait que le Maroc offre des droits à ces migrants comme celui d’aller à l’école pour les enfants.

L’archevêque de Tanger, Santiago Agrelo Martinez, avec des migrants subsahariens membres de la communauté chrétienne du diocèse de Tanger. DR

Caritas accueille toute personne migrante en situation de vulnérabilité sans distinction de statut, de genre, de nationalité ou de religion. Entre le1er janvier et le 31 décembre 2018, plus de 25.000 personnes migrantes ont déjà été accompagnées par leurs équipes et plus de 9.700 personnes ont été reçues dans les trois centres Caritas de Rabat, Casablanca et Tanger, dont plus de 2.800 femmes.

L’archevêque de Rabat, le père Cristobal est également confronté à cette réalité au sein de son diocèse. «On ne peut pas donner de l’attention à tous les migrants, on choisit les plus vulnérables, comme les femmes enceintes, les mineurs non accompagnés…les jeunes de 25 ans en bonne santé, on ne peut rien faire pour eux hormis les aider dans certaines démarches administratives», raconte-t-il également lors de la conférence de presse tenue à l’Eglise Notre Dame de Lourdes à Casablanca.

Pour rappel, en 2018, environ 47.500 migrants sont arrivés en Espagne par voie maritime, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et environ 564 sont morts ou portés disparus. Le Maroc a régularisé 50.000 immigrés et a mis en place une série de programmes sectoriels autorisant les migrants et les membres de leurs familles à bénéficier de tous les services fournis aux citoyens marocains.

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