Maroc-Iran: retour sur 40 ans de relations tourmentées

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Longtemps apaisées du fait de l’amitié entre le Chah Mohammad Reza Pahlavi et le roi Hassan II, les relations entre Rabat et Téhéran se sont détériorées dès 1979, après l’instauration de la République islamique, oscillant alors entre ruptures et timides rapprochements.
Hassan II et le Chah
En 1979, la révolution fait tomber Mohammad Reza Pahlavi et voit l’instauration de la République islamique d’Iran. Hassan II, le monarque marocain, soutient publiquement le Chah et propose de l’accueillir. Après un bref séjour dans le royaume, Mohammad Reza Pahlavi quitte finalement le Maroc et son fidèle allié Hassan II pour les Bahamas.
Les relations entre le Maroc et la nouvelle République islamique sont rompues dès 1980, après que l’Iran a reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par les indépendantistes du Front Polisario.
Fatwa et émeutes  
Le clivage est d’abord religieux: le Maroc est un pays sunnite et son roi est considéré comme le commandeur des croyants. Hassan II fait preuve d’une hostilité manifeste envers l’ayatollah Khomeiny, le guide suprême en Iran, qui se pose comme le défenseur du chiisme, l’autre grand courant de l’islam. En 1982, le souverain marocain réunit les principaux oulémas du pays (savants musulmans) et lance une fatwa contre Khomeiny pour s’être autoproclamé «Esprit d’Allah». Deux ans plus tard, il accuse, dans un célèbre discours télévisé, l’Iran d’avoir joué un rôle dans les émeutes ayant secoué en janvier 1984 plusieurs villes marocaines contre la cherté de la vie.

 Entre relance et nouvelle rupture
La décennie suivante sonne la fin des hostilités, avec une relance, certes timide, des relations en 1991. Deux ans plus tard, la représentation diplomatique dans les deux capitales est rehaussée au niveau des ambassadeurs. L’Iran devient même l’un des principaux clients du phosphate marocain. En mars 2009, Rabat rompt toutefois unilatéralement ses relations diplomatiques, officiellement à la suite de critiques jugées «inopportunes» de la République islamique contre le soutien du Maroc à Bahreïn, à l’époque en proie à des tensions avec Téhéran. Le Maroc s’inquiète aussi d’un activisme chiite croissant sur son territoire, et fustige le prosélytisme d’associations marocaines œuvrant à développer l’islam chiite dans le pays avec l’appui supposé de Téhéran. La relance des relations intervient en 2014 quand Téhéran désigne un chargé d’affaires puis un ambassadeur à Rabat. Un ambassadeur marocain est nommé à Téhéran en 2016.
Nouvelle rupture
Mardi, le Maroc a annoncé rompre de nouveau ses relations avec l’Iran en lui reprochant d’avoir facilité, via le Hezbollah libanais, une livraison d’armes au Front Polisario. La question du Sahara est la grande priorité de la diplomatie marocaine, considérée comme une «cause nationale». Alors que le mouvement indépendantiste sahraoui est historiquement soutenu par l’Algérie, Rabat affirme qu’un «élément» à l’ambassade d’Iran à Alger a participé à l’opération. L’Iran, le Hezbollah libanais et le Polisario démentent catégoriquement. Téhéran évoque un simple «prétexte» à une rupture diplomatique. Le Hezbollah impute la décision marocaine à des «pressions» des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite, trois pays hostiles à l’Iran. «C’est un mensonge grotesque pour impliquer le Maghreb dans la crise du Moyen-Orient», renchérit le Polisario. Rival régional de l’Iran et allié du Maroc, l’Arabie saoudite apporte au contraire son soutien au royaume chérifien en condamnant «fermement l’ingérence iranienne dans les affaires intérieures du Maroc via son instrument, la milice terroriste du Hezbollah».

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