Les investisseurs français conquis par les attraits du Sahara

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Construction de routes, aménagement des villes et des ports, création de parcs industriels, liaisons aériennes… Le Maroc veut accélérer le développement économique du Sahara, sans attendre un règlement politique sur le statut de l’ancienne colonie espagnole. 
Signe de cette politique volontariste, les autorités ont organisé début novembre un grand « Forum d’affaires » à Laâyoune, la plus grande ville du Sahara: le premier événement du genre sur les terres désertiques que le Polisario dispute au Maroc depuis des décennies.
« C’est une région très riche: il y a un grand potentiel dans l’industrie, la pêche, l’agriculture ou l’offshoring, on souhaite voir venir les investisseurs étrangers », a expliqué à cette occasion à l’AFP la secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Rokia Derham.
Ce « Forum France-Maroc » visait à convaincre les entreprises françaises de « donner un nouvel élan à leurs affaires », dans une région présentée par les organisateurs comme un « modèle de développement territorial ».
« Opportunités à saisir » 
« Nous voulons pousser le développement et l’économie », a  souligné le président de la région, Hamdi Ould Errachid, en ouverture de cet évènement qui a attiré quelque 200 entrepreneurs, dont une cinquantaine venus de France.
Objectif: mettre en avant « l’attractivité » de ce territoire situé aux portes de l’Afrique subsaharienne et les « opportunités à saisir » dans de multiples secteurs –construction, industrie, agriculture, pêche, énergies renouvelables, tourisme….
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A un mois de la reprise des négociations politiques menées sous l’égide des Nations unies, l’initiative a suscité les hauts cris du Front Polisario, qui a dénoncé le Forum comme un exemple de la « politique expansionniste hostile » du Maroc dans une lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU, Antonio  Gutteres.
Bloqué depuis 2012, le processus de négociation mené par l’ONU doit reprendre les 5 et 6 décembre à Genève, en présence de la Mauritanie et de l’Algérie.
« La question politique doit être réglée par les Nations unies (….), le développement de la région ne peut être lié », assure Rokia Derham.
Sur la même ligne, le Forum a éludé les aspects politiques pendant deux jours.
« Enjeu politique » 
« Une entreprise internationale s’installe là ou il y a des besoins », souligne Maha Hmeid, la directrice de l’antenne marocaine de la firme Weber, filiale du groupe Saint-Gobain, qui envisage d’ouvrir une unité, après Casablanca et Agadir.
Philippe-Edern Klein, le président de la Chambre Française du Commerce et d’Industrie au Maroc (CFCIM), co-organisatrice du Forum, « ne veut pas parler politique ». « On est là pour faire des affaires », dit-il en plaidant pour « le développement du Sahara occidental ».
« Personne n’est dupe, tout le monde sait que ceux qui sont présents donnent un signal: il y a un enjeu politique », affirme toutefois Khadija Gamraoui, une élue locale française de droite (Les Républicains, LR), venue avec une association franco-marocaine.
« Les investissements, ça légitime », souligne-t-elle, en se disant « impressionnée » par les chantiers déjà menés.
Avec son immense bibliothèque, sa piscine olympique, son théâtre, ses terrains de sports dernier cri, ses esplanades ornées de fontaines et de palmiers, Laâyoune se veut la vitrine des investissements colossaux déversés ces dernières années par Rabat –avec notamment plus de 49 milliards de dirhams (4,5 milliards EUR) prévus d’ici 2021 pour le seul plan de développement régional.
L’usine de traitement de phosphate exploitée par le géant marocain OCP –qui assure faire plus d’investissements que de profits dans la région– et le grand port de pêche voisin ont joué un rôle moteur.
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Pour convaincre les entrepreneurs étrangers, Khalid Hatim, conseiller du président de la région, fait valoir que Las Palmas, la capitale des îles Canaries (Espagne), est « à 45 mn d’avion »: « c’est facile de s’y installer en famille et de faire la navette ».
Autre argument de taille: « ici, c’est zéro fiscalité, zéro impôt », du fait du statut particulier du territoire.
Pour développer la ville de Dakhla, plus au sud, les autorités misent sur le tourisme, avec de grands événements comme l’étape annuelle du championnat du monde de kitesurf, ou le prochain festival international de la mode africaine.
Les autorités locales organisent aussi des conférences internationales avec des invités de marque -l’ancien président français Nicolas Sarkozy est venu en mars- et des matchs de gala avec des anciennes stars du football comme Maradona ou Ronaldinho.
 

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