Diapo. Un géologue marocain derrière la découverte des premiers organismes capables de se déplacer

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Abderrazzak El Albani. DR.

Des organismes vivants avaient déjà la capacité de se mouvoir il y a 2,1 milliards d’années, selon une étude publiée lundi décrivant « les plus vieilles traces fossiles » de déplacement et relançant le débat sur la datation des premières formes de vie complexes sur Terre.

« Le mouvement est un indicateur d’une certaine sophistication biologique », explique à l’AFP Abderrazak El Albani de l’Université de Poitiers, co-auteur de l’étude publiée dans les Comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS). Les premières formes de vie apparues sur Terre voici environ 3,5 milliards d’années étaient unicellulaires, des êtres vivants constitués d’une seule cellule, comme les bactéries.

Les formes de vie complexes, comme les plantes et les mammifères, ont des cellules dites « eucaryotes », avec des chromosomes abrités dans un noyau. Un certain consensus scientifique fait remonter l’émergence des eucaryotes à 1,8 milliard d’années. « Nous avons découvert des traces des mouvements verticales, obliques, horizontales, avec tout le respect que j’ai pour le monde bactérien, il est incapable de se déplacer comme ça », précise le géologue. « C’est forcement des eucaryotes ! »

Lire aussi : Les plus anciennes traces d’ADN en Afrique découvertes au Maroc

Jusqu’à maintenant, les plus anciennes traces de mobilité découvertes en Australie, aux États-Unis, au Canada, en Afrique … avaient 570 millions d’années. Abderrazak El Albani et ses collègues avaient déjà fait sensation en 2010 en annonçant la découverte, sur le même site au Gabon, de fossiles d’organismes « pluricellulaires » vieux de 2,1 milliards d’années, c’est-à-dire jusqu’à 1,5 milliard d’années plus tôt que scientifiquement attesté au moment de la parution.

« Un boom biologique » rendu possible par un changement environnemental. A cette époque, la Terre sortait d’une période glaciaire. En fondant, la glace a libéré de grandes quantités d’oxygène et de nutriments permettant à la vie de franchir un nouveau palier d’évolution, explique le géologue. L’ampleur de cette découverte avait valu en 2010 la couverture de la revue scientifique britannique Nature, même si, selon des experts, elle « posait plus de questions qu’elle n’apportait de réponses ».

Depuis, avec l’équipe internationale de chercheurs qu’il coordonne, El Albani n’a cessé de fouiller le bassin de Franceville, au Gabon, « un site unique en termes de conservation », y découvrant ces « traces de mobilité ». « Il s’agit de structures tubulaires, de diamètre relativement constant (plusieurs millimètres), plus ou moins sinueuses, et qui traversent les lamines (fines couches) sédimentaires », précise un communiqué du CNRS.

« L’analyse de leur géométrie et de leur composition chimique démontre que leur origine est biologique et qu’elles sont contemporaines du dépôt des sédiments », ajoute le communiqué.

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