À 40 jours du ramadan, les bars boivent la tasse

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Beaucoup de Marocains arrêtent de boire de l’alcool 40 jours avant le mois sacré du ramadan. Aucun texte religieux ne parle de cette pratique, mais cette période est scrupuleusement respectée par une bonne partie de la société marocaine, ce qui se répercute négativement sur la production et la vente d’alcool. 

Pour les six premiers mois de 2017, le Maroc a importé 5.151 tonnes de «bières, vins, vermouths, et autres boissons spiritueuses» pour une valeur de plus de 239 millions de dirhams. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe le Maroc au 43e rang des plus gros consommateurs d’alcool au monde et le second en Afrique du Nord, derrière la Tunisie.

Ces chiffres résument les liens étroits qu’entretiennent les Marocains avec l’alcool. Cette relation se détériore cependant à 40 jours du mois du ramadan,  car beaucoup cessent de boire de l’alcool au nom d’une croyance populaire, qui ne trouve son fondement dans aucun texte religieux.

Le mythe voudrait que l’alcool reste 40 jours dans le corps humain, ce qui oblige plusieurs «croyants» à ne plus prendre d’alcool 40 jours avant ramadan. Du point de vue de la science, l’alcool est éliminé du sang  24 heures après sa consommation.

Loin de l’aspect religieux et médical, économiquement les vendeurs d’alcools, bars, boites de nuit… enregistrent une baisse colossale de leur activité, au point de limiter les dégâts en mettant  la clef sous le paillasson des jours avant le mois sacré.

À l’œil nu, on peut constater depuis quelques jours que les amateurs de la bibine et autres alcools forts, sont entrés dans la phase de sevrage «forcé » et «ponctuel».

 

Lire aussi: Vidéo. Micro-trottoir: «Arrêter l’alcool à 40 jours de ramadan, qu’en pensez-vous?»

 

La trêve avant l’été

«C’est normal que le bar vous semble vide, c’est la quarantaine et les Marocains ne rigolent pas avec le mois de ramadan», nous explique un barman à Casablanca. Pour lui, tous les vendeurs d’alcool enregistrent une baisse durant cette période de l’année et d’ajouter «il fallait venir un jour avant la quarantaine pour voir à quel point le bar était plein. On n’avait pas assez de place pour tout le monde. On dirait que c’était la fin du monde tellement les gens buvaient déraisonnablement». D’après ce barman, les clients se feront de plus en plus rares jusqu’à la dernière semaine avant ramadan. «Nous enregistrons une baisse de 60% à 70% du chiffre d’affaires durant cette période», nous assure-t-il.

Joint par H24info, une source bien informée au sein de Brasseries du Maroc nous confie que la société traverse sa période de «vache maigre» durant cette période de chaque année. «Durant la quarantaine, la demande baisse considérablement. Les chiffres varient d’une ville à l’autre et d’un secteur de livraison à un autre. Nous enregistrons en moyenne une baisse de la demande de plus de 50%», nous confie notre source.

Brasser de l’air en attendant!

Pour autant, ceci ne pousse pas la société à revoir à la baisse sa production quotidienne. Selon notre source, Brasseries du Maroc continue à produire avec le même rythme dans le but d’affronter la forte demande de l’après-ramadan.

«Nous ne travaillons pas durant le mois de ramadan. Seuls les départements administratifs et financiers continuent à assurer leurs missions, mais au niveau de l’usine, rien n’est produit et tous les salariés sont en mis en congé», nous témoigne notre source.

Pour préparer  l’après-ramadan, la production est stockée dans les hangars de brasseries du Maroc. «Nous n’avons pas des chiffres précis, mais en raison des retours de marchandise et la baisse des commandes, l’excédent de la production revient au stock », conclut notre interlocuteur.

 

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