A Marrakech, beaucoup de paroles mais peu d’actes pour l’Afrique de la part du FMI et de la Banque mondiale

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A Marrakech, beaucoup de paroles mais peu d'actes pour l'Afrique de la part du FMI et de la Banque mondiale
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Beaucoup de conversations au sujet de l’Afrique mais au total peu d’avancées concrètes, tel pourrait être le bilan des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), qui se tiennent depuis lundi à Marrakech (Maroc).

Des réunions hautement symboliques puisqu’elles étaient les premières à être organisées sur le continent depuis 50 ans, autant dire qu’il était nécessaire pour les organisateurs de rappeler que l’Afrique était bien au centre des préoccupations.

Dès ses premières prises de parole, la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, a répété l’importance qu’elle donnait à l’Afrique dans le développement de l’économie mondiale à l’avenir: « un XXIe siècle prospère nécessite une Afrique prospère », a-t-elle martelé.

« Si nous ne réussissons pas à construire des ponts entre le capital, concentré principalement dans le Nord, et les jeunes gens qui sont concentrées principalement dans le Sud-est et tout particulièrement en Afrique, nous n’y arriverons pas », a déclaré Mme Georgieva.

Dès lors, il importait aux institutions internationales d’apporter des garanties au continent, de lui montrer qu’elles sont à l’écoute et n’oublient pas leurs préoccupations.

L’une de celles exprimées en amont des réunions étaient de voir le financement climatique prendre le dessus sur la lutte contre la pauvreté, question qui reste essentielle sur un continent qui concentre encore une part prépondérante de la population la plus pauvre dans le monde et est régulièrement confronté aux crises humanitaires.

Une situation qui a poussé durant la semaine les pays en développement, regroupés au sein du G24 à demander « annulation de la dette des pays les plus vulnérables et les plus pauvres dont la majeure partie de la dette est due aux banques multilatérales de développement et au FMI », par la voix de son président, le ministère de l’Economie ivoirien Adama Coulibaly.

A défaut de répondre à leur demande, les institutions veulent montrer qu’elles tiennent compte des pays africains.

Le FMI devrait s’entendre pour créer un 25e siège à son conseil d’admninistration, et en faire le 3e pour l’Afrique sub-saharienne, une mesure qui deviendra effective dans un an, rejoignant la BM qui en a fait de même dès 2014.

Mais les actions concrètes manquent encore, et en particulier sur la question de l’endettement, alors que plus d’une vingtaine de pays sont confrontés ou tout près de basculer dans une crise de la dette.

Dans certains pays de la région, le service de la dette représente plus de 40% du budget de l’Etat, un niveau intenable alors que les défis les plus élémentaires, comme assurer un accès à l’eau potable et l’énergie, nécessitent d’importants investissements.

Or les négociations de restructuration sont souvent compliquées, du fait d’intérêts divergents entre créanciers, en particulier la Chine et les membres du Club de Paris, qui regroupe surtout les pays occidentaux.

« Si vous combinez ce que l’on dépense en salaires pour nos agents publics et le service de cette dette, cela représente plus de 90% des taxes collectées », expliquait ainsi jeudi le ministre des Finances zambien, Situmbeko Musokotwane, alors que son pays tente de finaliser un protocole d’accord avec ses créanciers bilatéraux pour restructurer sa dette.

Plus encore, les Etats africains ont parfois le sentiment que les ressources se libèrent plus facilement dans certains cas, à l’image de l’Ukraine, qui a disposé de près de 20 milliards de dollars de la part de la BM depuis le début de l’invasion russe.

Le FMI de son côté, a signé avec le gouvernement ukrainien fin mars un plan d’aide de 15,6 milliards de dollars, dans le cadre d’un plan plus large, impliquant notamment les pays du G7 et l’Union européenne (UE), pour un montant total de 115 milliards de dollars.

« Tout le monde admet qu’il est important d’aider financièrement l’Ukraine mais dans certains pays, il y a le sentiment que l’urgence est tout aussi importante chez eux sans qu’elle ne soit prise en compte de la même manière », a déclaré aussi à l’AFP le représentant d’un pays africain, présent aux réunions.

En attendant, l’Afrique continue de connaître une situation économique difficile. Début octobre, la BM alertait sur le risque d’une « décennie perdue » pour le continent, alors que la croissance du PIB par habitant devrait être quasiment stable entre 2015 et 2025.

Le rapport régional pour l’Afrique sub-saharienne du FMI, publié vendredi, pointe lui une croissance d’à peine plus de 3% (3,3%) en 2023, pour la deuxième année consécutive, avant de remonter à 4% en 2024, alors que l’inflation reste supérieure à 10% dans une quinzaine de pays africains.

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