2022, annus horribilis pour la bourse de Casablanca

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Siège de la bourse de Casablanca. DR.

L’année 2022 est à oublier vite pour la Bourse de Casablanca tant la déception fut grande. Sur les douze derniers mois, le Moroccan All Shares Index (MASI) a plongé de 19,75%, marquant ainsi une rupture prononcée avec la reprise post-covid initiée en 2021 (+18,35 %). En effet, ce sont près de 129,61 milliards de dirhams (MMDH) de capitalisation qui sont partis en fumée.

Pourtant, l’année boursière a démarré sur les chapeaux de roue. Le MASI avait même atteint un plus haut historique de 13.991,47 points en date du 10 février, soit une performance annuelle de 4,74%. Les ennuis ont toutefois commencé à partir de la deuxième moitié du même mois, avec l’éclatement de la crise russo-ukrainienne et la montée en flèche de l’inflation et des coûts énergétiques au niveau international. L’optimisme initial a ainsi cédé la place à la crainte et l’incertitude.

La Bourse Casablancaise qui a, par la suite, tenté un léger rebond, dans le sillage de la publication de résultats annuels encourageants à la mi-mars, a vite repris le chemin de la baisse, faute de manque de visibilité dans un contexte macro-économique national et international incertain. Le trend baissier s’est accentué davantage, notamment sous l’effet des annonces du relèvement du taux directeur par Bank Al Maghrib (BAM).

« Les investisseurs sont certainement pressés de tourner la page de 2022 qui a été une mauvaise année en Bourse autant au Maroc qu’à l’international », a indiqué, à la MAP, Farid Mezouar, Directeur exécutif de FLMarkets.

A la Bourse de Casablanca, les investisseurs qui ont été influencés par l’actualité boursière internationale ont aussi réagi à la hausse de 100 pbs des taux de BAM, explique M. Mezouar, relevant, dans ce sens, que le MSCI Emerging Markets a subi en 2022 une correction d’environ 22% à cause des tensions inflationnistes, de la guerre en Ukraine et du resserrement monétaire des principales banques centrales.

Aussi, explique l’expert, les investisseurs marocains ont semblé craindre l’impact de la hausse des taux de BAM au niveau de l’activité économique et des bénéfices des banques, citant l’exemple du résultat des activités de marché.

Les gagnants et les perdants de l’année

D’après M. Mezouar, un stock-picking efficient au niveau du marché boursier aurait pu permettre de sur-performer le MASI.

« En effet, plusieurs titres ont fini l’année dans le vert avec Managem comme meilleur exemple. De même, plusieurs secteurs ont réalisé un bon cru en 2022, profitant notamment de la reprise post-Covid et de la bonne tenue du dollar », précise-t-il.

Ainsi, dans le détail, 4 indices ont pu tirer leur épingle du jeu. A leur tête, le secteur des mines qui s’est envolé de 32,73%, boosté principalement par Managem (+61,15%) et, dans une moindre mesure, par Rebab Company (+3,23%) et SMI (+1,40%).

Porté par son unique titre, Med Paper, le secteur de sylviculture et papier a bouclé l’année avec une hausse de 25,35%, deuxième meilleure performance de l’année, suivi par l’électricité, représenté par Taqa Morocco (+4,57%) et le secteur des loisirs et hôtels (RISMA avec +3,87%).

Lire aussi: Bourse de Casablanca: l’essentiel du résumé hebdomadaire

Du côté des perdants, la majorité des secteurs ont bouclé l’année avec des contre-performances à deux chiffres. L’indice du bâtiment et matériaux de construction, qui souffre d’une conjoncture délicate marquée notamment par les conséquences de l’inflation sur les marges et les volumes, a plongé de 34,98%. Ainsi sur le plan individuel, LafargeHolcim Maroc a baissé de 38,64%, Ciments du Maroc a cédé 32,63%, TGCC a perdu 26,64%, Sonasid -15,45%, Colorado – 10,80% et Jet Contractors – 10,43%

Le secteur des Télécommunications a baissé de 31,88%, et celui de la participation et promotion immobilières a abandonné 27,15%.

En bas de tableau figurent également les secteurs des sociétés de portefeuille-Holdings (-27,11%), de services de transport (-22,83%), de l’agroalimentaire/production (-19,32%), du pétrole et gaz (-16,4%), de la chimie (-16,1%), des banques (-17,19%) et des assurances (-16,89%).

Le ciel se dégage-t-il en 2023?

A la question des perspectives boursières, le Directeur exécutif de FLMarkets estime qu’au niveau théorique, 2023 devrait être profitable pour les marchés “car en dehors d’un nouveau Black swan, toutes les mauvaises nouvelles sont connues. Ainsi, les investisseurs devraient progressivement s’imprégner des bonnes nouvelles”.

En effet, au Maroc, les résultats annuels de 2022, communiqués en mars 2023, devraient stimuler les cours car les investisseurs ont semblé ignorer la hausse des revenus des sociétés cotées (+14% à fin septembre) et de leurs bénéfices (+15,8% à fin juin 2022), relève M. Mezouar, rappelant, par ailleurs, les prévisions de BAM qui font ressortir une croissance prévisionnelle de 3% en 2023, contre 1,1% en 2022.

Il a, en outre, évoqué l’impact de la Loi de Finances au titre de l’année 2023, ajoutant que la fiscalité sera endurcie pour les grandes entreprises même si le relèvement du taux de l’IS sera progressif sur 4 ans.

« Il s’agit certes d’une donnée négative mais les entreprises qui ont un pricing power (banques par exemple) pourront toujours partager avec leurs clients une partie de ces charges fiscales”, a-t-il dit.

Pour Valoris Securities, qui table sur une croissance moyenne du résultat avant impôt agrégé de 3,2% par an, entre 2022 et 2025, l’impact minimal de la LF-2023 sur la capacité bénéficiaire agrégée est estimé à 1,4 MMDH sur la période étudiée, dont plus que 40% de cet impact serait supporté par le secteur financier (Banques & Assurances), en plus du secteur des télécoms (25% de l’impact).

La société de Bourse anticipe ainsi un renforcement dans les années à venir des placements au sein des sociétés industrielles et de services de tailles modérées aux dépens des investissements dans le secteur bancaire et des assurances.

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