Juventus-Real Madrid: une finale si particulière pour Zidane

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(c)Panoramic

L’entraîneur du Real Madrid vise un doublé historique en Ligue des champions face à son ancien club ce samedi à Cardiff.

«Zidane est touché par la grâce». L’éloge est signé Paolo Montero, actuel entraîneur de Rosario Central et ancien coéquipier de Zinédine Zidane à la Juventus. Il dit tout de la perception du commun des mortels vis-à-vis de cette légende du ballon rond. De cet astre scintillant. Eblouissant. Aussi à l’aise et élégant crampons au pied sur le rectangle vert qu’en costume tiré à quatre épingles sur le banc. Fraîchement sacré champion d’Espagne, l’ancien numéro 10 des Bleus défie, avec son Real Madrid, la Juventus Turin en finale de la Ligue des champions ce samedi à Cardiff. Pour entrer un peu plus dans l’histoire de son sport.

Devenir l’égal d’Arrigo Sacchi

Depuis qu’il a pris en main la destinée du Real Madrid en janvier 2016, Zidane gagne tout. Ou presque. Ligue des champions 2016, Supercoupe d’Europe 2016, Championnat du monde des clubs 2016 et depuis quelques semaines Liga 2017, un titre qui échappait aux Merengue depuis cinq ans. «Gagner la Ligue des Champions, puis la Liga, puis revenir en finale de Ligue des Champions, ça n’est pas donné à tout le monde, glisse un Massimiliano Allegri forcément admiratif. Gérer une grande équipe, ça n’est pas facile. Il n’y a pas que les systèmes, les 4-4-2 ou les diagonales. Il y a beaucoup d’autres choses qui peuvent faire tourner une saison dans un sens ou dans un autre. Zidane est un très grand entraîneur, j’en suis convaincu».

Un coach en passe d’entrer dans une nouvelle dimension. De devenir, après seulement 18 mois d’activité en tant qu’entraîneur principal, un véritable modèle. Une icône. Le premier depuis Arrigo Sacchi avec le Milan AC en 1989 et 1990 à décrocher deux C1 d’affilée. «Je profite de chaque instant, parce que je sais qu’un jour ça va s’arrêter, plante «Zizou», nullement perturbé par cette éventualité. Comme je suis à fond dans ce que je fais, je me dis qu’on a quelque chose à faire d’extraordinaire. Mais je ne pense pas à laisser une trace importante dans le football ou marquer l’histoire de ce club, les choses se font à force de travail.» Un doublé Liga-C1 serait en outre une première pour le Real depuis 1958 !

Bousculer une Vieille Dame qui l’a façonné

«La Juventus est un club qui m’a tout donné, qui m’a fait grandir en tant que joueur et en tant qu’homme». Alors forcément, pour Zidane, «ce sera très particulier» samedi soir. Le champion du monde 98 y a passé cinq années. La Juve l’a vu éclore. De 1996 à 2001. Elle lui a permis de s’endurcir. De découvrir le goût de l’effort et la fameuse culture de la gagne. De s’épanouir en étoffant son palmarès avec notamment deux titres de champion d’Italie (1997 et 1998).

Sans toutefois parvenir à le hisser au sommet du football européen avec deux finales de Ligue des champions perdues en 1997 et 1998. Zidane en garde «de beaux souvenirs». Sans pour autant verser dans le larmoyant. Car Madrid représente aujourd’hui bien plus à ses yeux. «J’ai l’ADN du Real Madrid, c’est ma maison ici, affirme-t-il. Depuis que je suis arrivé en 2001, tout le monde a toujours été très affectueux avec moi. J’ai défendu les valeurs de ce club, j’ai vécu des choses extraordinaires avec ce club quand j’étais joueur… Je resterai toujours supporter de ce club, toute ma vie. C’est le club de ma vie.»

Effacer le souvenir de 1998

1998 n’a pas seulement été l’année de la consécration suprême pour Zidane lors de la Coupe du monde en France. Ce fut également celle d’une nouvelle désillusion. D’une troisième défaite consécutive en finale de Coupe d’Europe. D’une deuxième d’affilée en Ligue des champions. Après le Borussia Dortmund en 97 (1-3), le Real Madrid de Fernando Hierro, Raul, Roberto Carlos ou encore Christian Karembeu prive cette année-là la Juventus du Graal européen à Amsterdam (0-1). Sur un but de Pedrag Mijatovic. «Zizou était le meilleur joueur de la Juve, avec Del Piero, entre autres. Mais lui avait plus d’importance. Heureusement, nos défenseurs ont su le marquer de près et il n’a pas réussi à peser sur la finale, se souvient l’ancien attaquant du Real. Nous le craignions beaucoup, c’était un joueur qui, à tout moment, pouvait réussir un coup de génie. Marquer, donner une passe décisive et décanter le match».

19 ans après, Zidane, qui en garde selon ses propres termes «un mauvais, très mauvais souvenir», est passé dans l’autre camp. De l’autre côté du miroir aussi. Mais n’a rien perdu de sa magie à l’approche de ce remake à la saveur toute particulière. «Zidane a été bien aidé par son expérience de joueur au Real. Il a suivi le bon chemin, il s’est très bien formé et il a noué une bonne relation avec ses joueurs. Les entraîneurs d’aujourd’hui doivent être fins psychologues et parvenir à convaincre les joueurs, estime Mijatovic à l’AFP. Il est en passe d’être un immense entraîneur». De s’installer dans le panthéon des très grands. A seulement 44 ans.

 

Par Vincent Duchesne (Sport24)

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