La vitamine E suspectée dans les maladies liées au vapotage aux Etats-Unis

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Une première piste a enfin été découverte dans le mystère des maladies pulmonaires qui ont touché plus de 200 vapoteurs américains et causé deux décès: une huile de vitamine E apparemment ajoutée dans des recharges au cannabis vendues sur le marché noir.
Les autorités sanitaires de l’Etat de New York ont annoncé avoir trouvé « une très haute concentration d’acétate de vitamine E dans presque tous les échantillons contenant du cannabis » et confiés par les malades qui se sont présentés. L’acétate est le nom chimique de la molécule. La vitamine E est un supplément normalement inoffensif qui s’achète sous forme de gélule à avaler, ou d’huile à appliquer sur la peau.
« Mais il ne faut pas la chauffer et l’inhaler, car c’est une huile, et les poumons n’aiment pas les huiles chauffées et réagissent mal », explique à l’AFP le docteur Len Horovitz, pneumologue à l’hôpital Lenox Hill de New York. La substance a été trouvée dans des recharges liquides vendues dans des emballages très colorés sous le nom de Dank Vapes, une « marque » qui ne correspond apparemment à aucune entreprise légitime mais se distribue dans la rue et sur internet avec un certain succès.
Depuis le début de l’été, les autorités sanitaires américaines cherchaient frénétiquement la cause des maladies pulmonaires graves observées chez 215 personnes à ce stade: toux, douleurs de poitrine, nausées, vomissements… Deux personnes sont décédées, en août dans l’Illinois et en juillet dans l’Oregon. Dans la plupart des cas, les malades ont reconnu avoir vapoté des recharges de cigarettes électroniques au cannabis au lieu d’être à la nicotine.
Dans le cas du mort de l’Oregon, il avait acheté son produit dans un dispensaire de cannabis autorisé. Mais les liquides contiennent de nombreux ingrédients autres que le THC, la molécule psychoactive du cannabis. On y trouve aussi des additifs, des diluants, des arômes…
Leur effet sur la santé lorsqu’ils sont vaporisés est encore très mal étudié. Comme l’industrie est mal régulée car la consommation de cannabis est illégale dans certains Etats et au niveau fédéral, mais autorisée dans d’autres, les fabricants agissent avec une relative impunité, notamment sur internet.
– Juul sous pression –
Les autorités fédérales sont plus prudentes et n’ont pas encore conclu quels ingrédients, dans les cigarettes électroniques, étaient liés aux maladies. Leur recommandation reste de ne pas utiliser de produits achetés dans la rue et, pour les jeunes et les femmes enceintes, de ne pas vapoter du tout.
« Plus d’informations sont nécessaires pour mieux comprendre la relation entre certains produits ou substances et les maladies », a répondu Michael Felberbaum, un porte-parole de la Food and Drug Administration (FDA). Les laboratoires de la FDA sont en possession de plus de 100 échantillons impliqués.
Les maladies pulmonaires s’ajoutent au casse-tête des fabricants légaux de cigarettes électroniques, comme Juul, le leader du marché, qui sont accusés par les autorités sanitaires d’avoir activement promu leurs produits chez les jeunes comme une alternative saine et cool à la cigarette. Alors que le nombre de fumeurs de tabac avait tendance à baisser depuis plusieurs années dans les collèges et les lycées américains, cette baisse a été contrecarrée par la hausse rapide du nombre de vapoteurs, susceptibles de s’accoutumer à la nicotine.
Les autorités –et les fabricants sous pression– ont donc engagé une campagne pour faire respecter l’interdiction de la vente de cigarettes électroniques aux mineurs, soit 18 ou 21 ans selon les Etats. Et de nombreux Etats ont explicitement interdit leur vente aux moins de 21 ans.

 

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