De nouvelles sanctions américaines « majeures » contre l’Iran

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Pétrole, pétrochimie, transactions financières, Gardiens de la Révolution: les Etats-Unis visent le coeur de l’économie iranienne depuis le rétablissement des sanctions en 2018, dans le cadre d’une politique de « pression maximale » pour ramener Téhéran à la table des négociations nucléaires.

Les mesures punitives ont pour but d’empêcher les échanges commerciaux ou financiers avec l’Iran. Depuis la sortie des Etats-Unis de l’accord nucléaire conclu en 2015 à Vienne, les entreprises internationales, sommées de choisir entre leurs investissements iraniens et leur accès au marché américain, ont majoritairement choisi de se désengager d’Iran.

Pétrole, pétrochimie

L’administration de Donald Trump veut faire en sorte que les exportations de pétrole iranien soient « aussi proches que possible de zéro », un objectif qu’elle dit pouvoir atteindre dès 2019.

Selon l’agence Bloomberg, les exportations sont passées de 1,5 million de barils par jour (bpj) en octobre 2018 à 750.000 bpj en avril.

Washington a annulé en mai les dernières dérogations accordées à huit pays pour l’achat de pétrole iranien. La Turquie et l’Inde ont indiqué avoir cessé toute transaction avec Téhéran.

En juin, l’Iran affirme continuer à exporter son pétrole par le biais de « ventes non officielles ou non conventionnelles ». En parallèle, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, signataires de l’accord de Vienne, ont créé en janvier un mécanisme de troc avec l’Iran pour contourner les sanctions.

Outre le pétrole brut, les sanctions visent aussi les condensats, un type de pétrole léger.

Autre secteur clé: la pétrochimie. Le 7 juin, Washington sanctionne la Persian Gulf Petrochemical Industries Company (PGPIC), un grand groupe lié aux Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime.

Avec ses filiales, il représente 40% de la capacité de production pétrochimique iranienne et 50% des exportations du secteur. Pour Washington, le groupe apporte un soutien financier à Khatam al-Anbiya, le conglomérat des Gardiens présent dans la plupart des grands projets d’infrastructures iraniens.

Transactions financières

Washington a interdit en août 2018 l’achat de dollars par le gouvernement iranien, rendant l’accès à la devise américaine très difficile pour les entreprises et la population.

Sont également soumis aux sanctions les échanges entre les établissements financiers étrangers et la Banque centrale iranienne ou d’autres banques iraniennes. Ces établissements ne peuvent plus avoir accès au système financier américain.

L’administration Trump veut notamment que le circuit bancaire international Swift, maillon essentiel du système financier par lequel passent les virements dans le monde, déconnecte les banques iraniennes frappées par les sanctions.

Les échanges d’or et de métaux précieux sont également interdits.

Gardiens de la Révolution

En avril, le corps des Gardiens de la Révolution est placé sur la liste noire américaine des « organisations terroristes étrangères ». Washington sanctionne pour la première fois une organisation « faisant partie d’un gouvernement étranger », assure Donald Trump.

La force Qods est également placée sur cette liste noire. Cette unité d’élite, chargée des opérations extérieures, soutient les forces alliées de l’Iran au Moyen-Orient, comme les troupes du président syrien Bachar al-Assad, le Hezbollah au Liban, ou encore les autorités irakiennes dans la lutte antijihadiste.

En janvier, le Trésor américain avait imposé des sanctions contre deux milices soutenues par l’Iran et se battant en Syrie: la division Fatemiyoun, composée de recrues afghanes, et la brigade Zaynabiyoun, composée de Pakistanais.

Industries

Les sanctions visent les secteurs du fer, de l’acier, de l’aluminium, du cuivre, du charbon et du graphite.

Le secteur automobile et l’aviation commerciale, qui avaient bénéficié d’une timide ouverture après la levée des sanctions consécutives à l’accord nucléaire, sont de nouveau dans le collimateur. La plupart des constructeurs automobiles européens ont abandonné leurs projets de développement en Iran.

La construction navale et les transports maritimes sont aussi ciblés par les sanctions.

Les autres sanctions

Les Etats-Unis ont interdit l’importation chez eux de tapis ou de denrées alimentaires en provenance d’Iran.

En mars, 14 chercheurs en énergie nucléaire iraniens ont été visés par des sanctions, un avertissement pour les jeunes scientifiques de Téhéran tentés de suivre leur voie.

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