Affaire Khashoggi: Paris se résout à sanctionner l'Arabie saoudite

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Source: Le Figaro.

La France a prononcé jeudi une interdiction d’entrée sur son territoire à l’encontre de dix-huit ressortissants saoudiens soupçonnés d’avoir pris part à l’assassinat du journaliste dissident.

Après les États-Unis et l’Allemagne, la France s’est finalement résolue jeudi à sanctionner son allié, l’Arabie saoudite, pour l’implication de certains de ses ressortissants dans l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi, le 2 octobre, au consulat saoudien d’Istanbul. Un meurtre digne d’une opération des «Pieds nickelés» qui suscita une onde de choc mondiale.
«Le paquet était prêt depuis lundi, lorsque les Allemands ont annoncé leurs sanctions, confie une source à l’Élysée. La décision politique avait été prise au même moment que l’Allemagne. Mais cela a pris un peu de temps pour des raisons administratives. Nous avons travaillé en concertation avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, mais surtout avec l’Allemagne. Nous avons fait du franco-allemand sur cette question», souligne-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.
Comme Berlin, Paris a ordonné une interdiction de territoire pour dix-huit ressortissants saoudiens impliqués dans la liquidation de Jamal Khashoggi. Les quinze membres du commando, qui se sont rendus à Istanbul pour assassiner le dissident, figurent sur cette liste, ainsi que trois autres personnes soupçonnées d’avoir organisé le meurtre. Tous seront interdits d’accès à l’ensemble de l’espace Shengen. Leur identité n’a pas été précisée. L’Élysée a fait savoir que ces sanctions, adoptées à titre conservatoire, sont susceptibles d’être revues ou étendues en fonction de l’avancée des investigations en cours.
La presse turque avait publié en octobre la liste des membres du commando. Maher Abdulaziz Mutreb, agent de sécurité auprès du prince héritier, Mohammed Ben Salman (MBS), que la CIA accuse d’avoir été au courant du crime, en serait le chef. Salah Mohammed al-Tubaigi, médecin légiste au département de la sécurité générale du royaume, aurait démembré le journaliste.
Forces spéciales
Les autres Saoudiens visés par les sanctions françaises seraient: Abdelaziz Mohammed al-Hasawi, membre de la garde royale; Thaer Ghaleb al-Harbi, militaire; Mohammed Saad al-Zahrani, de la garde royale; Meshal Saad al-Bostani, membre de l’armée de l’air (il serait décédé dans un accident de voiture le 18 octobre); Naif Hassan al-Arifi des forces spéciales; Moustapha Mohammed al-Madani, officier des services secrets et doublure de Khashoggi qui quitta le consulat saoudien par la porte de derrière, habillé avec les vêtements de la victime, ses lunettes, portant une fausse barbe et une paire de chaussures différentes.
S’ajoutent à cette liste: Mansour Othman Abahussein, militaire membre des services secrets ; Waleed Abdallah al-Shehri, de l’armée de l’air; Turki Moucharraf al-Shehri (position inconnue) ; Fahad Shabib al-Balawi, de la garde royale; Saïf Saad al-Qahtani, agent de MBS; Khaled Aedh al-Taibi, de la garde royale, et Bader Lafi al-Otaibi, dont la position est également inconnue.

Pas d’embargo sur les ventes d’armes
L’Élysée précise que parmi les trois autres visés par les sanctions figure le général Ahmed al-Assiri, numéro deux des services de renseignements, diplômé de Saint-Cyr et proche, jusqu’alors, du ministère français de la Défense. C’est lui qui gérait, jusqu’à sa nomination l’an dernier aux renseignements, la fourniture d’images satellitaires françaises à Riyad dans la guerre que le royaume mène depuis 2015 contre les rebelles houthistes proches de l’Iran au Yémen. L’un des deux autres pourrait être le conseiller de MBS, Saoud al-Qahtani, probable cerveau de l’opération.
Contrairement à Berlin, Paris n’a pas décidé un embargo sur les ventes d’armes à Riyad en attendant que soient éclaircies les circonstances du meurtre. Emmanuel Macron n’avait pas craint d’engager une polémique avec Angela Merkel, il y a un mois, lorsque la chancelière prit cette décision. «Démagogique», avait répondu le chef de l’État. Depuis, les États-Unis, principal allié de l’Arabie saoudite, ont, eux aussi, sanctionné Riyad. Les hésitations françaises avaient fini par susciter des critiques dans l’Hexagone. Après l’assassinat, Emmanuel Macron avait gelé les visites de ministres à Riyad.

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