80% des femmes parlementaires arabes ont subi des violences

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Le forum des femmes parlementaires, lors de la 140e Assemblée de l’Union interparlementaire, à Doha, en avril 2019. Crédit photo: IPU

Une étude menée par le Réseau des femmes parlementaires arabes pour l’égalité (Ra’Edat) sur l’ampleur de la violence à l’égard des femmes parlementaires dans le monde arabe, dont les résultats ont été présentés mardi à Tunis, a révélé que 79,6% d’entre elles ont été exposées à une ou plusieurs formes de violence.

Les résultats de l’étude, menée sur un échantillon de 370 femmes parlementaires arabes actuelles et précédentes, ont montré que 76,2% des sondées l’échantillon ont été soumis à des violences psychologiques, tandis que 47,1% d’entre elles ont été victimes de violences verbales, y compris l’humiliation basée sur le sexe, contre 32% qui étaient victimes de formes de violence physique.

Selon les résultats de l’étude, qui a porté sur des femmes parlementaires de 15 pays arabes, 6,6% de l’échantillon total choisi ont été victimes de violences physiques, contre 34,3% qui ont subi des violences économiques, notamment des agressions contre leurs biens ou le fait d’être privées d’opportunités d’emploi, tandis que 5,7% d’entre elles ont subi des violences sexuelles.

L’étude a de même révélé que l’Internet et les médias sociaux (32%), puis les médias (19,6%), sont les endroits où les femmes parlementaires étaient le plus victimes de violences, suivis des rassemblements électoraux et des partis (16%) et de la rue (15%).

 

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Présentée en présence de représentants d’un certain nombre d’organisations internationales, ainsi que de représentants de la société civile, des associations féminines et de secteurs gouvernementaux concernés par les femmes, l’étude a révélé que 22,2% des femmes parlementaires qui avaient subi des violences n’ont pas porté plainte, contre 21% qui ont recouru à la police et 15% à la justice.

Les femmes parlementaires faisant partie de l’échantillon de l’étude ont déclaré que leur exposition à la violence leur faisait ressentir de la peur (47%) ou a été l’origine de restreindre leur liberté d’expression (37,7%), de limiter leur activité politique (31,7%), de s’abstenir de participer à des manifestations publiques (19,1%) et se retirer de l’action politique (12,5%).

Mettre un terme à la violence politique envers les femmes

Dans une déclaration à la MAP, la vice-présidente du Réseau « Ra’Edat » (Leaders), la Marocaine Fatima Gouaima Mazzi a estimé que les résultats de cette étude sont à la fois importants et alarmants, notant que « si nous voulons nous engager dans des objectifs de développement et atteindre l’égalité, l’équité et l’implication des femmes dans l’action politique et le développement, il s’avère nécessaire de mettre un terme à la violence politique à l’égard des femmes ».

Pour vaincre cette violence, a-t-elle préconisé, « nous devons en parler afin qu’elle ne devienne pas un sujet tabou, la mettre en avant, sensibiliser tous les acteurs et les forces vives du pays et mettre au point une stratégie multidimensionnelle qui s’étend au champ législatif avec la promulgation de lois strictes et contraignantes ».

La vice-présidente du Réseau «Ra’Edat» a de même considéré que ce type de violence constitue un obstacle au développement au motif qu’il n’y a pas de développement sans l’implication des femmes dans l’action politique.

Dans une déclaration similaire, la vice-présidente du Réseau, Magda El-Nouichi (Égypte), a souligné que près de 80% des femmes parlementaires sont victimes de violences, « une proportion alarmante et inquiétante qui mérite d’être présentée dans un document pour discussion ».

Elle a ajouté que les sociétés orientales pâtissent toujours de la croyance selon laquelle les femmes ne sont pas aptes à diriger, formulant l’espoir que des étapes importantes seront franchies dans les droits législatifs des femmes et leur autonomisation sur les plans politique, économique et social.

 

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Parmi les moyens de vaincre cette violence, El-Nouichi a préconisé la mise en place de lois contraignantes pour les partis afin de permettre aux femmes de participer à la vie politique, en particulier aux postes de direction, «étant donné que les partis politiques sont l’un des mécanismes pour l’autonomisation politique des femmes».

Pour sa part, Hoda Salim (Tunisie), membre du Bureau exécutif du Réseau, a indiqué que les femmes ne sont pas suffisamment représentées aux postes de direction au sein des partis politiques, des gouvernements et des parlements, notant que le Réseau des femmes parlementaires arabes pour l’égalité s’attele actuellement à cette question. La violence politique est l’une des raisons pour lesquelles les femmes n’occupent pas de postes de leadership dans le domaine politique.

Elle a, à ce propos, souligné que l’importance de cette étude réside dans la discussion de ce phénomène épineux et la recherche de solutions particulièrement liées à la formation, la sensibilisation et le renforcement des capacités.

 

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