Michel Onfray publie son 100e livre et entre dans les Cahiers de l’Herne

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AFP.

Le philosophe Michel Onfray, un des intellectuels français contemporains les plus lus à l’étranger, publie son 100e livre et, à 60 ans, devient le plus jeune auteur à faire son entrée dans la prestigieuse collection des Cahiers de l’Herne.

Qualifié de « péplum philosophique » par l’éditeur Gilles Haéri, le patron des éditions Albin Michel, « Sagesse », le 100e ouvrage du philosophe, revisite l’Antiquité romaine dans le but d’y trouver des réponses aux questions qui se posent aujourd’hui dans « notre Occident nihiliste ».

« Cent livres c’est un tour de force! Cela fait 30.000 pages, l’équivalent de la Comédie humaine » de Balzac, a fait remarquer Gilles Haéri au cours d’une réception organisée cette semaine à Paris pour fêter les 60 ans de Michel Onfray avec ses amis, dont l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, l’éditeur Jean-Claude Fasquelle ou les peintres Ernest Pignon-Ernest et Robert Combas.

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Quand l’éditeur tance gentiment le philosophe en lui faisant remarquer qu’il a écrit huit livres au cours de la seule année 2018 (« Michel, huit, c’est un peu beaucoup »), le philosophe répond : « C’est probablement trop, mais je ne peux pas lever le pied. Je suis comme un coureur qui court à sa vitesse et à sa mesure. J’ai besoin d’écrire ».

Le philosophe explique dans « Sagesse » comment se comporter quand le monde s’écroule.

« +Sagesse+ n’est rien d’autre qu’un livre qui se propose de retrouver le courage face à la mort pour tous ceux qui ne croient pas en Dieu », résume-t-il. Pour cela, il invite ses lecteurs à marcher dans les pas de Cincinnatus, Lucrèce, Sénèque, Pline, Cicéron, Epictète ou Marc Aurèle. « Un philosophe devrait être un gladiateur », assène-t-il, n’hésitant pas à qualifier saint Augustin de « chialeur ».

« Au pied du volcan qui gronde et menace d’exploser, savoir vivre ici et maintenant, droit, debout, vertical, voilà la seule tâche qui nous incombe », dit-il.

Troisième volet de sa « Brève encyclopédie du monde », « Sagesse » bénéficie d’un tirage exceptionnel pour un essai de 100.000 exemplaires. Les deux premiers volets de cette série (« Cosmos » et « Décadence ») se sont écoulés à plus de 260.000 exemplaires. Trois autres tomes sont à suivre. Le philosophe est traduit en 28 langues.

« Savoir mourir, c’est savoir vivre » 

Le livre de plus de 500 pages (qui se lit comme un roman) peut également être vu comme un manuel pratique sur la façon de vivre. Les différents chapitres sont autant de questions que tout un chacun peut se poser : « Comment bien vieillir? », « Que faire de son temps? », « Comment apprivoiser la mort? ». Le philosophe libertaire ne craint pas d’évoquer la question taboue du suicide dans le chapitre « Comment faut-il quitter la vie? ». « Savoir mourir, c’est savoir vivre », proclame-t-il.

Parallèlement à la sortie de son centième livre, le philosophe a le privilège de faire son entrée dans la collection des Cahiers de l’Herne, revue qui depuis plus de 50 ans met en avant les figures capitales de la littérature et de la pensée.

L’enjeu de ce Cahier est « de faire un point sur l’œuvre et la pensée » d’Onfray, résume Henri de Monvallier, agrégé de philosophie, qui a dirigé l’ouvrage.

« Onfray », regrette Henri de Monvallier, « est souvent réduit à son personnage public de philosophe polémiste, +flingueur+ et démonteur d’idoles (les monothéismes, Freud, Sartre…) mais l’ensemble de son œuvre ne se résume pas à cette dimension critique ».

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Michel Onfray est habitué des jugements à l’emporte-pièce. Soutien des « giletsjaunes », le philosophe issu d’un milieu très modeste (son père était ouvrier agricole et sa mère femme de ménage) a ainsi comparé vendredi le président Emmanuel Macron aux empereurs romains Caligula et Néron.

Le Cahier permet de découvrir un Onfray méconnu. On y trouve notamment « Carnet jaune », premier texte (une fiction assez émouvante à la première personne), écrit par Michel Onfray à l’âge de 11 ans et un récit désopilant, écrit par le philosophe en 2017, intitulé « Brève histoire philosophique des dents. Antimanuel à l’usage de mon dentiste ».

Parmi les nombreux contributeurs du Cahier on relève les noms, parfois inattendus, du compositeur Karol Beffa, du poète Christian Bobin, du chef cuisinier Michel Bruneau ou encore de l’ethnologue Jean Malaurie, tous amis du philosophe.

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