Vidéo. Shobee (Shayfeen) et Madd, le rap fraternel

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Ils sont jeunes, créatifs et leurs clips sont encensés par la presse internationale. Rencontre avec Shobee et Madd, deux frères rappeurs très suivis au Maroc.

Il y a un mois, Shobee alias Chouaib Ribati collabore avec Madd alias Mehdi Ribati et le rappeur français Laylow pour sortir Money Call, premier extrait d’un projet initié par le collectif NAAR dont l’objectif est de produire et promouvoir des projets d’artistes marocains et arabes. Le morceau se hisse très vite à la tête des tendances marocaines et fait couler beaucoup d’encre surtout en France.
La Trap marocaine attire en effet de plus en plus d’artistes internationaux et des rappeurs comme Shobee et Madd sont d’ores et déjà sollicités par des créateurs européens.
On pourrait même dire que la trap marocaine remplace de plus en plus ce rap incisif ou politiquement engagé.
Shobee a débuté sa carrière il y a 12 ans avec Shayfeen, un des groupes précurseurs de cette musique. « Il faut savoir que la musique évolue et que le rap doit suivre. La « Trap » c’est ce qui est plaisant aux oreilles d’aujourd’hui… Toutefois il y a beaucoup de liberté dans le rap aujourd’hui, un rappeur peut faire ce qu’il veut tant qu’il garde son identité », explique-t-il.
Shobee refuse par ailleurs l’expression « rap engagé ». Pour lui, le vrai «rap engagé ne réside pas dans le politiquement engagé» qu’il considère comme une tendance venue avec le mouvement du 20 février, mais dans «l’engagement envers l’évolution du rap au Maroc».
« On est en train de changer les choses, c’est énervant de rapper juste pour critiquer le gouvernement ou tout ce qui va mal dans le système. Ce qui est vraiment antisystème c’est de s’autoproduire comme on a fait. C’est d’avoir des morceaux certifiés disques de platine alors qu’on a tout fait par nous même, ça c’est antisystème », souligne-t-il.
Et de surenchérir: « Dans notre pays il n’y a pas d’industrie musicale. Les artistes indépendants n’ont pas de créneaux qu’ils peuvent exploiter pour leur art. Donc, si on pousse les lignes rouges, on ne pourra jamais percer »
Aujourd’hui, les deux frères ont tout abnadonneépour vivre de leur musique. Un choix très difficile, surtout «dans un pays où la culture est mise à l’écart».
Madd a ainsi quitté son travail dans un centre d’appels à Casablanca pour se consacrer entièrement à la musique. Un choix pas évident mais qu’il assume complètement vu qu’il lui a permis de vite percer dans le domaine musical.
« Le centre d’appels absorbait trop mon énergie alors que je devais concentrer tout mon temps à la musique si je voulais percer. Donc j’ai arrêté et grâce à cela j’ai pu réaliser beaucoup de choses par la suite », raconte Madd.
Shobee abonde lui aussi dans le même sens et pour réussir, il se consacre cœur et âme à son art: « Aux débuts de Shayfeen, je remarquais que beaucoup de groupes devenaient populaires puis disparaissaient du jour au lendemain. Et c’est là que je me suis dit que je ne voulais pas vivre la même chose. Il fallait donc tout laisser de côté et se consacrer uniquement à la musique ».
La famille du rappeur a toutefois eu du mal à accepter ce choix, surtout qu’au Maroc beaucoup d’artistes ont du mal à vivre de leur musique. « Nos proches n’y croyaient pas vraiment, et puis à chaque fois que quelque chose marchait, ils disaient qu’on l’avait échappé belle. Car au Maroc, il faut vraiment bosser très dur pour pouvoir vivre de son art », souligne-t-il.
Pour se hisser au top, il faut donc maintenir les efforts mais pas seulement. Il faut également s’inspirer des créations internationales. «Un rappeur prometteur est celui dont la musique est exportable», conclut Madd.

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